Plus qu’un rêve de gosse, chanter aux Etats-Unis était pour Corneille Nyungura un moyen de retrouver sa liberté artistique. Avec The Birth of Cornelius –disponible depuis mars dernier dans les bacs américains- l’artiste dit s’être redonné le droit d’être libre. « On est des artistes avant d’être des symboles » explique Corneille. Il reconnaît le « rôle d’ambassadeur » que l’on attribue aux artistes aujourd’hui, mais dit « ne pas avoir les reins assez solides pour porter ce symbole ».
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Son symbole à lui est de taille. C’est celui d’un témoin du génocide rwandais qui s’est (re)construit grâce à une passion rédemptrice qu’il a pour la musique. Aujourd’hui, l’auteur de « Parce qu’on vient de loin » ne cherche pas à oublier mais voudrait donner une image « moins lisse, moins politiquement correcte » que ce que lui confère la responsabilité d’artiste emblématique. Il aspire à plus de « prises de risques » et la version américaine de The Birth of Cornelius avec trois titres inédits, le libère de ses sentiers battus. Et en décrochant le label Universal Motown, il se rapproche un peu plus de Marvin Gaye, Stevie Wonder ou les Jackson Five, les figures de son enfance qui ont forgé sa personnalité musicale.
Se retrouver dans la même maison que celle côtoyée autrefois par ses voix de référence s’est avéré salvateur. Jusque là, le chanteur reconnaît avoir eu du mal à se sentir chez lui dans un pays plus qu’un autre. Né en Allemagne, Corneille a reçu une éducation très européenne avant d’arriver au Rwanda à l’âge de 7ans. Il se souvient d’un vrai fossé entre lui, garçon noir parlant l’allemand et les autres enfants de son âge. Les événements de 1994 l’ont amené à fuir en Allemagne où il n’est resté que trois ans avant de s’envoler pour le Canada. Et c’est en France qu’il a connu son premier succès musical fin 2002. Mais c’est l’Amérique du Nord dont rêvait Corneille depuis tout petit. Il dit d’ailleurs avoir voulu se rapprocher de New York en partant vivre à Montréal, où il pouvait parler français. « J’ai toujours associé la musique aux Etats-Unis, c’est pour ça que cet album se rapproche au plus près de ce que je suis vraiment », explique Corneille. Mais il précise que cette consécration n’est pas une page tournée sur ce qu’il a crée jusqu’ici « The Birth of Cornelius est une revanche sur moi-même, sur ce problème que j’ai toujours eu pour me définir une appartenance propre » explique t-il, « c’est comme des réconciliations avec mes rêves de gamin ».
Il a encore tout à prouver aux Etats-Unis, mais les premiers signes arrivent d’une reconnaissance toute proche. Une nomination aux derniers Soul Train Awards 2009 d’abord. La récompense honore depuis 1987 les artistes noirs américains. « Il y a 12 ans à Montréal, je regardais religieusement le Soul Train Awards » confie l’artiste qui suit là les traces des Jackson (frère et sœur) ou de Whitney Houston il y a quelques années. Mais Corneille garde la tête sur les épaules et ne renie en rien ce qui l’a amené jusque là : « Je n’aurais pas ma place ici si je n’étais pas imprégné de toute cette culture francophone ». Il vient de terminer l’enregistrement de son quatrième album en français « Sans titre » et rêve en secret de quelques dates new yorkaise l’année prochaine.
Liens
Site officiel de Corneille
Site officiel Universal Motown de Corneille
Site officiel de The Birth of Cornelius (l’album est sorti en France, au Canada et au Japon en 2007. La version américaine sortie en mars 2009 comprend trois titres inédits)
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