Les miracles existent: les élections départementales françaises ont suscité de l’intérêt jusqu’aux Etats-Unis. Lundi, la presse américaine a dressé le bilan du premier tour du scrutin, qui avait lieu dimanche. Pour rappel: l’UMP-UDI est arrivée en tête de ce tour de chauffe, vu comme un baromètre de l’état de l’opinion, devant le Front national et le PS.
Le Wall Street Journal choisit de titrer son article-bilan sur “le revers” subi par le Parti socialiste et met en illustration une photo de Marine Le Pen (et non pas de Nicolas Sarkozy). Une défaite que le journal attribue à la mauvaise santé de l’économie française et aux “déficits publics persistants” qu’Hollande n’est pas parvenu à enrayer malgré « ses promesses » . “Remporter des sièges dans les assemblées locales pourrait étendre l’emprise du Front National sur les gouvernements locaux dans des domaines comme la gestion des routes, des écoles et le versement des subventions sociales. Cela pourrait aussi donner à Marine Le Pen un réseau d’élus-supporters et potentiellement accroitre la crédibilité du parti avant les élections présidentielles et législatives de 2017” .
Le site d’information économique Bloomberg met en avant les bons scores de l’alliance UMP-UDI au premier tour, “qui seront encore meilleurs au second” et soutient qu’ils profitent à Nicolas Sarkozy. Mais qu’un bon résultat dans les cantons “ne lui assure pas une victoire à l’élection présidentielle de 2017, son but ultime” , observe le journaliste. Qui interroge un expert britannique selon lequel l’alliance avec l’UDI explique les bons scores de dimanche mais que cette union “pourrait ne pas tenir compte tenu de l’histoire de la politique française” .
Bloomberg note aussi, pour enfoncer le clou, que l’UMP est divisée quant à l’attitude à adopter pour les seconds tours où elle n’est pas présente. “Nicolas Sarkozy n’a pas donné de consigne de vote tandis qu’Alain Juppé, qui projette de se présenter contre lui aux primaires, a appelé à voter socialiste pour empêcher le Front national de remporter des sièges” . (NDLR: En réalité la position d’Alain Juppé est plus complexe que ce qu’affirme Bloomberg, puisque tout en disant que la priorité est de faire barrage au FN, il affirme “respecter la ligne du bureau politique de l’UMP“, c’est-à-dire le “ni-ni”).
FN ou UMP-UDI: qui est le vainqueur? Le New York Times met tout le monde dans le même panier. “Les partis conservateurs se renforcent en France et le FN progresse” , titre-t-il. Mais précise dans son article que “les électeurs ne semblent pas avoir choisi de se tourner en masse vers le parti d’extrême droite” . Le quotidien new-yorkais décide de voir plus loin que le premier tour et termine son analyse des résultats en relativisant la montée en force frontiste. “Presque la moitié des électeurs français ont voté dimanche, peut-on lire. Il est difficile de préjuger du comportement des électeurs avant le second tour. Alors que le Front national obtient de bons scores aux premiers tours, il s’est révélé incapable de maintenir la dynamique aux seconds tours. Même si il sera un concurrent, peu de personnes pensent qu’il remportera assez de sièges pour contrôler un département en France” .
Le Washington Post relativise aussi le score du FN, jugeant que les résultats sont un “revers inhabituel” pour le parti de Marine Le Pen, qui “espérait que son discours anti-immigrés, anti-euro pourrait la propulser au sommet du premier tour, renforçant son but d’être un concurrent sérieux pour 2017“. La suite du feuilleton dimanche 29 mars.