Une Statue de la Liberté qui tend un micro au lieu de sa flamme, un symbole fort du lien à maintenir entre France et États-Unis. C’est le visuel qu’a choisi la plateforme marketing pour les podcasts française Ausha, qui vient de se lancer à l’assaut du marché américain. Et pour la représenter de l’autre côté , la start-up fondée par Maxime Piquette et basée à Tourcoing a choisi une Française très américanisée, rencontrée par le biais du réseau French Founders. Odile Beniflah a passé plus de 20 ans dans la tech aux États-Unis, dans la Silicon Valley dans les années 90 puis à New York pendant 10 ans, et à nouveau à partir de 2011. Elle a notamment été responsable de l’international chez Meetup, Wework puis en charge de la communauté chez Duolingo.
« Lorsque j’ai discuté avec Maxime, j’ai vu un fondateur qui avait confiance en lui et qui n’avait pas peur des États-Unis, raconte Odile Beniflah. Il a un produit exceptionnel qu’il porte avec passion, et surtout j’ai senti beaucoup de bienveillance et de vraies valeurs. Je n’ai pas hésité à me lancer même si je connaissais encore peu le monde des podcasts. »
L’histoire d’Ausha est celle d’un duo, Maxime Piquette et Charles de Potter, qui avaient déjà monté une première société, Radioking, pour créer sa propre radio sur Internet. En 2018, les deux Français ont décidé de passer au podcast et de lancer une plateforme marketing pour aider les podcasteurs à héberger, mais aussi à diffuser et faire connaître leurs programmes. Ausha a levé 1,2 million d’euros en 2020 et a rapidement connu une croissance fulgurante en France : elle compte un catalogue de plus de 7.000 podcasts, dont de grands médias (Le Figaro, L’Equipe, Libération, La Croix, AFP) et de grandes entreprises (LVMH, OVH, Décathlon ou BNP Paribas). « Nous avons eu du succès parce que nous avons écouté les podcasteurs eux-mêmes, explique Maxime Piquette, CEO d’Ausha. Les podcasteurs veulent passer plus de temps sur le contenu de leur podcast, et moins de temps à essayer d’utiliser six ou sept outils marketing différents pour s’assurer qu’il soit entendu. En moyenne, Ausha remplace 5 outils que les podcasteurs devraient autrement utiliser. »
Pour la spécialiste produit qu’est Odile Beniflah, Ausha se démarque de ses concurrents américains avec une plateforme qui propose un hébergement illimité, des distributions sur les 22 principales plateformes d’écoute mais aussi Youtube et Soundcloud, un social manager Twitter et Facebook, un Smartplayer, une newsletter, une intégration de site Web et des statistiques d’écoute et de classement en temps réel. Enfin, des options de monétisation, précieuses pour des podcasteurs qui veulent en faire une activité rentable.
Ses trois offres sont comprises entre 11 et 69 euros par mois, payable annuellement ou par mensualité. « Ausha propose des outils marketing puissants adaptés au podcast et facile à utiliser à partir d’un même tableau de bord, cela fait gagner énormément de temps sur la promotion. C’était vraiment visionnaire de leur part de se positionner comme cela », renchérit Odile Béniflah.
Mais la Française sait bien que personne n’attend la jeune pousse aux États-Unis, et veut prendre son temps. « Nous allons nous développer de la bonne façon : de manière organique et avec des bases saines. Nous faisons tester notre plateforme à des spécialistes du podcast marketing, nous voulons que des utilisateurs experts se disent qu’on a une solution incroyable. »
Pour la Française, les Américains ont un appétit pour une diversification des voix et des podcasts, alors qu’à l’heure actuelle, pas moins de 69 % des podcasteurs sont des hommes blancs de ce côté de l’Atlantique. La France, qui a un marché du podcast plus féminin, a une carte à jouer. Une cause pour Ausha, qui est aussi engagé contre les violences faites aux femmes. Odile Béniflah monte une équipe de quatre personnes, et une nouvelle levée de fonds est prévue dans quelques mois. En attendant, l’équipe américaine d’Ausha a ses oreilles grandes ouvertes. « Nous sommes super optimistes et enthousiastes, mais aussi prêts à nous adapter rapidement en fonction des retours d’un marché en pleine croissance. »