Le gouverneur du New Jersey Phil Murphy, l’ambassadeur de France aux États-Unis Philippe Étienne et d’autres dignitaires sur leur 31… Il y a du beau monde ce mercredi 30 juin, sur les docks du Port de New York-New Jersey à Elizabeth (New Jersey), pour accueillir la “petite soeur” de la Statue de la Liberté, une réplique de trois mètres de haut de la fameuse statue d’Auguste Bartholdi.
Debout derrière un pupitre flanqué des drapeaux français et américain dans un coin de ce port immense couvert de montagnes de conteneurs multicolores, Edward Fox ne perd pas son temps devant son public qui se liquéfie sous le soleil de plomb. Ce responsable des douanes américaines signe devant les caméras l’autorisation nécessaire au déchargement de la statue fraîchement arrivée et lance “Vive la France !” avant de serrer la main de l’ambassadeur.
Dans la foulée, une grue de 74 mètres en arrière-plan se saisit d’un des conteneurs empilés tel des legos sur le CMA CGM Nerval, le navire de la compagnie française CMA CGM qui a transporté la petite statue. C’est dans ce conteneur, estampillé du visage de la statue, que la “petite soeur” a fait le voyage transatlantique de neuf jours en partance du Havre, comme son aînée 136 ans plus tôt. Le comité d’accueil ne la verra pas: posé sur un camion, le conteneur est aussitôt acheminé sans être ouvert vers un entrepôt où il passera la nuit. “La traversée s’est très bien passée. On est heureux de la voir arriver en temps et en heure“, se félicite Laurent Olmeta, vice-président exécutif de la CMA CGM America qui a fait le voyage du siège en Virginie pour l’occasion.
5 jours sur Ellis Island
Contrairement à la Statue de la Liberté (la grande), qui a dû être assemblée à New York pendant plus d’un an à partir de 1885, la notice d’utilisation de sa petite soeur est beaucoup plus simple. Elle sera installée jeudi 1er juillet au matin sur une zone d’Ellis Island d’où elle et son illustre aînée, dressée sur l’île voisine de Liberty Island, seront visibles du public. (Les deux îles sont accessibles en ferry).
Elle restera jusqu’au 6 juillet -pendant Independence Day donc – sur cette île de transit pour les immigrés arrivant par bateau à New York pendant la première moitié du XXème siècle, avant de gagner la résidence de l’ambassadeur de France à Washington à temps pour le 14-Juillet.
Le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), dont le musée abritait la réplique depuis 2011, lui en a fait le prêt pour une durée de dix ans au moins. “C’est très émouvant de la voir arriver, surtout quand on voit la taille de l’opération. Cette notion de liberté et d’amitié entre les peuples français et américains a encore une résonance très forte aujourd’hui“, souligne l’ambassadeur Philippe Étienne, qui a initié le projet en juillet 2019 lors d’une discussion informelle avec l’administrateur général du CNAM Olivier Faron.
Pour faire venir cette statue de près de 450 kilos, fondue en France à partir du modèle original en plâtre de Bartholdi datant de 1878, la CMA CGM et sa filiale spécialisée dans la logistique, CEVA Logistics, n’ont rien laissé au hasard. Déboulonnée le 7 juin lors d’une cérémonie au CNAM, elle a été placée et immobilisée dans un caisson transparent ( plexiglass), lui-même placé dans un conteneur équipé de capteurs. “Au total, conclut Laurent Olmeta, quarante personnes du groupe entre la France et les États-Unis ont été impliquées à tous les niveaux de la chaîne pour s’assurer que cette pièce d’art unique soit protégée”.