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Celui qui se fait appeler le Comte de Bouderbala (« guenilles » en arabe) a débarqué à l’University of Connecticut en 2004, à l’époque de la guerre en Irak et des « freedom fries ». «Tout le monde se caricaturait, ça manquait de liant» se souvient-il.
Venu pour un simple échange scolaire, Ameziane s’est retrouvé dans l’équipe de basket de l’université, suite à une coupe de cheveux avec la coiffeuse de l’entraîneur (le célèbre Jim Calhoun). Les « Huskies » sont une des meilleures équipes de la NCAA, le basket au niveau universitaire, et chaque année plusieurs de leurs joueurs sont sélectionnés par la NBA. Jets privés, stades de 20 000 personnes, l’expérience n’avait rien à voir avec la carrière de Sami en équipe nationale d’Algérie ou à l’AS Bondy 93. Ameziane faisait certes deux têtes de moins que ses coéquipiers américains («quand il m’a vu arriver, le sélectionneur s’est dit : euh, c’est qui ce Pokémon?»), mais dans les vestiaires, il compensait en racontant des histoires drôles.
«Je suis le genre de gars qu’on invite en vacances pour faire rire tout le monde», dit-il. Un rôle de bouffon qu’il assume, lui qui a choisi de porter un chapeau bariolé de « fou du roi » sur les affiches de son spectacle. Après une blessure à l’épaule, il a mis le sport de côté, mais son expérience américaine continue de lui fournir de précieuses anecdotes. Les différences culturelles sont bien évidemment une mine d’or pour un comique, et Ameziane ne s’en prive pas. Il décrit l’enthousiasme américain délirant – «ils rencontrent un Français et on dirait qu’ils ont gagné l’Euro Millions… Sami! It’s amazing!» – ainsi que la remise des diplômes en grande pompe comparée à la mesquinerie du processus en France – «tu reçois une lettre de la fac avec ton nom, ton timbre, ton enveloppe et même ton écriture sur l’enveloppe». Il se moque du rap français et de Navarro, et adore imiter les serveuses américaines hyper aimables.
Depuis plusieurs mois, le Comte a aussi une chronique bi-hebdomadaire avec Pascale Clark sur France Inter. A New York cet hiver, il est suivi par une équipe de TF1 qui le filme pour l’émission « De 7 à 8 ». Son spectacle parisien continue au Gymnase avec des dates de mars à juin, et toute la presse française a déjà fait son portrait. A Paris, il commence donc sérieusement à être une star. Alors pourquoi venir à New York dans un club où il devra partager la scène avec cinq autres jeunes comédiens ?
«Je suis là pour progresser», explique-t-il. Il fait le voyage régulièrement pour se frotter au public new- yorkais blasé, et écouter les histoires de ses collègues américains. Il avoue être plus stressé pour les shows en anglais, mais le stress et le travail font partie intégrante du programme. « Je viens ici pour charbonner, pas pour faire du tourisme».
The Broadway Comedy Club
318 W. 53rd Street
Samedi 22 Janvier, de 19h à 20h30. Tickets à $15.
Avec Ardie Fuqua, Danny Lobell, Chris Iacono, Myka Fox, et Graham Kay.
www.broadwaycomedyclub.com – (212) 757-2323