« Peu importe où tu te trouves, si tu as le talent pour, Deel te permet de travailler avec les meilleures entreprises à l’autre bout du monde et d’avoir la même expérience que quelqu’un de local. » Alex Bouaziz, n’a pas attendu l’ère Covid pour envisager un futur du travail globalisé. « On a lancé Deel il y a deux ans et demi avec Shuo Wang parce qu’on avait été frustré de ne pas pouvoir embaucher comme on voulait nos connaissances à l’étranger pour nos précédentes sociétés. » Le CEO français et la CRO chinoise n’en sont pas à leur première expérience entrepreneuriale mais Deel est leur première licorne (ndlr: une start-up valorisée à plus d’un milliard de dollars). Ils ont annoncé la semaine dernière la levée de leur série C de 165 millions dollars. À une valorisation d’1,25 milliards de dollars.
À mi-chemin entre la finance et les ressources humaines, Deel résout un problème aujourd’hui plus fréquent: comment embaucher et rémunérer un indépendant ou un salarié dans un autre pays, en conformité avec les règles locales, sans avoir à créer de filiale. Pour Deel, la réponse est un portage salarial moderne. « On emploie la personne en local. On travaille avec des avocats dans tous les pays, qui nous aident à comprendre les différentes clauses qu’il faut avoir dans le contrat pour qu’il soit adapté aux règles locales, on a aussi des comptables qui s’occupent de la paye de la même manière et on automatise autant qu’on peut », explique Alex Bouaziz. « L’entreprise qui se connecte à Deel peut en quelques clics travailler avec quelqu’un dans n’importe quel pays avec un contrat localisé. »
Le CEO de 28 ans a lui-même évolué dans un environnement international. Après avoir obtenu son bac à Paris à 16 ans, Alex Bouaziz commence ses études d’ingénieur en Israël au Technion. Il poursuit par un master au MIT à Boston (où il rencontre Shuo Wang sa cofondatrice), et démarre un PhD à Imperial College à Londres. « Mais c’était trop lent pour moi, j’ai préféré aller entreprendre à Tel Aviv. » Pendant ce temps-là, Shuo Wang retourne en Chine et monte Aeris, une start-up de purificateur d’air. Forts de leurs premiers succès, les deux amis se retrouvent pour réfléchir ensemble à leur prochaine aventure. Ils candidatent alors avec réussite au Y Combinator, l’un des accélérateurs de start-up les plus réputés au monde.
Les voilà équipés pour façonner le futur du travail à leur image. « Travailler avec des personnes dans d’autres pays n’est pas nouveau mais la tendance s’est accélérée à l’ère Covid. Les gens ont réalisé qu’il n’y avait pas besoin d’être tous dans le même bureau. Ils ont vu leurs collègues ou salariés déménager dans des villes moins chères. Ou retourner chez leurs parents. Ce qu’on considérait comme étant du offshore il y a 5 ans, aujourd’hui ce sont tout simplement des membres de l’équipe. La mentalité a changé. Et les entreprises ont envie de les faire bénéficier de la même expérience qu’en local. Avec un bon salaire et des avantages. » Deel dénombre désormais 2000 clients de toutes tailles.
Avec un total de 206 millions de dollars levé en moins d’un an auprès de fonds et d’angels prestigieux (Andreessen Horowitz (a16z), Spark Capital, YC Continuity avec Ali Rowghani (ex-COO de Twitter), Dara Khosrowshahi (CEO de Uber), etc.), l’ambition est plus que jamais au rendez-vous. « On a devant nous une entreprise qui pourrait valoir 100 milliards ou plus, à nous d’exécuter correctement. » En attendant, la start-up applique ce qu’elle prône puisque la totalité des près de 130 collaborateurs opèrent à distance, depuis une trentaine de pays différents. Bien que le QG soit à San Francisco.