Originaire du petit village de Saint-Savournin, entre Aix-en-Provence et Marseille, Anthony Hamdan Djendeli a collaboré auprès des grandes maisons de luxe parisiennes – Chloé, Balmain, Givenchy – avant de vivre son rêve américain. Né sous une bonne étoile, le designer de 37 ans vit aujourd’hui à Los Angeles où il vient de lancer sa marque éponyme.
Fils d’immigrés, libanais du côté paternel, tunisienne du côté maternel, Anthony Hamdan Djendeli se passionne pour la mode dès son plus jeune âge, sa maman couturière mécanicienne lui enseignant les premiers rudiments. À 16 ans, il quitte sa campagne provençale, file à Marseille en Bac Pro Couture au Lycée Colbert et découvre les joies de la mode… et de la liberté.
« J’ai toujours voulu travailler dans la mode, raconte le designer. Mon premier diplôme en poche, j’ai quitté Marseille et suis allé me former à la Chambre Syndicale de la Haute-Couture à Paris comme technicien. C’est là que j’ai appris le métier de modéliste. Un premier stage chez le créateur Martin Grant m’a mis le fil à la patte, et j’ai pu commencer mes premières missions au sein des grandes maisons de couture. »
Modéliste free-lance au sein de la maison Sonia Rykiel, il reçoit en 2015 une première proposition pour tenter l’aventure aux États-Unis. « C’est mon chef d’atelier de l’époque, Norbert, qui m’a alors recommandé pour un poste auquel il ne souhaitait pas candidater. Un job de rêve à New-York, au sein de l’équipe de Bono, le chanteur du groupe U2, qui cherchait à développer et à organiser la production de sa marque de mode éco-responsable Edun, soutenue alors par le groupe LVMH. En deux jours, j’étais dans l’avion, prêt à ouvrir un nouveau chapitre de ma vie. »
Travaillant jour et nuit, épanoui et heureux, le modéliste quitte l’aventure Bono trois ans après ses débuts et poursuit sa carrière en free-lance, s’adaptant aux rythmes et aux envies des maisons de mode américaines, « là où il faut travailler vite et toujours plus vite », puis retourne à Paris où il collabore un temps auprès de la maison Sonia Rykiel, sur la collection haute couture, alors en pleine renaissance.
« Mon deuxième coup de chance est arrivé sur ma boîte mail un beau matin, poursuit le jeune créateur. Un chasseur de têtes bien connu me proposait de venir travailler à Los Angeles et de participer au lancement d’une toute nouvelle marque développée par une jeune créatrice chinoise installée à L.A. J’ai accepté une première mission de 3 mois, et me suis tout de suite senti bien ici. La mer, le soleil, je retrouvais l’atmosphère du sud de la France que j’avais quitté il y a une dizaine d’années. Mon mari d’origine israélienne m’a suivi et nous avons redémarré ici, une nouvelle vie. »
Seul en scène, il lance la première collection de la marque, avant que la crise sanitaire ne vienne stopper l’affaire. « Après sept années passées aux États-Unis, le monde et mon job s’arrêtaient. Grâce à ma carte verte, j’ai alors bénéficié du chômage et consacré mon temps à façonner et à lancer ma première marque. »
Influencé par ses origines familiales, et par ses expériences fructueuses auprès des grands noms de la mode française, Anthony Hamdan Djendeli imagine alors une première collection en son nom, « un mix de mes cultures sur fond d’esprit pop américaine, et d’inspirations cinématographiques et musicales ».
Made in LA, la marque du créateur français, source les tissus les plus luxueux du côté du Fashion District et des bonnes adresses de Beverly Hills. De son travail, naît alors une première collection capsule – chaque pièce étant proposée entre 10 à 15 exemplaires –, un service de sur-mesure complétant l’offre. « J’aime le travail de la soie, la transparence, la touche de sexyness, explique-t-il. La mode qui me passionne est un hommage aux femmes, à l’instar de ma deuxième collection inspirée par les femmes immigrées, celles qui ont dû se déraciner et s’ouvrir à d’autres cultures. »
Courageux et ambitieux, le designer s’est taillé au fil des mois une jolie réputation à Los Angeles. Après avoir collaboré pour Natacha Atlas, pour qui il dessina une version de cape brodée à la main, il vient de livrer à la chanteuse Flora Fishbach un modèle de djellaba, la pièce emblématique de son vestiaire, et l’actrice Angela Bassett en compte désormais une dans sa garde-robe, en déclinaison lamé et doré. « Los Angeles, est la ville de tous les possibles, à condition de travailler dur, de pousser les portes et de ne pas avoir peur d’oser, conclut Anthony. C’est ici que j’ai réalisé mon rêve et que mon style trouve aujourd’hui son expression la plus libre. »