Réaliser un film en l’honneur de Gagarine, l’ancienne cité ouvrière d’Ivry-sur-Seine inaugurée en personne, en 1963, par le cosmonaute russe Youri Gagarine, tel a été le défi relevé par Fanny Liatard et Jérémy Trouilh pour leur premier long métrage qui sort en salles ce vendredi 1er avril aux États-Unis.
Le film raconte l’histoire d’un des habitants de Gagarine, Youri, un adolescent de 16 ans, qui rêve de devenir cosmonaute. Lorsqu’il apprend que sa barre d’immeubles est menacée de destruction, il décide d’entrer en résistance avec ses amis. Leur mission est de sauver leur cité qui va devenir leur vaisseau spatial. « Voir disparaitre cette cité serait comme enterrer tous leurs souvenirs d’enfance », raconte Jérémy Trouilh.
Véritable poème visuel, le film, tourné juste avant la démolition de Gagarine en 2019, a remporté le Prix Lumière du meilleur premier film. Il a nommé aux Césars cette année, et sélectionné au New York Children International Film Festival. « Gagarine est un film qui mélange l’espace et la banlieue, le rêve et la réalité » expliquait Fanny Liatard au micro de France Inter. « C’est un doux équilibre entre réalisme et onirisme », poursuit Jérémy Trouilh.
Après des études à Sciences Po, le duo de réalisateurs français emprunte des chemins différents. Fanny Liatard vit à Beyrouth, puis à Marseille où elle travaille sur des projets artistiques en lien avec les changements urbains. Jérémy Trouilh poursuit ses études avec un master de réalisation de documentaire. À 19 ans, ils se retrouvent lors d’un échange en Amérique du Sud où ils découvrent ce qu’ils appellent le réalisme magique. « Cette capacité qu’ont les gens de regarder un réel parfois difficile avec un pas de côté, raconte le réalisateur, c’est ce qui nous a donné l’envie de raconter des histoires de cette manière. »