La gratuité des Lycées français de l’étranger est-elle une mesure d’égalité ou une ‘subvention aux privilégiés’? Promesse électorale de Nicolas Sarkozy, la mesure n’a jamais été populaire auprès des élus français. Elle coûte cher, très cher. Le remboursement des frais de scolarité des élèves de citoyenneté française atteint cette année 41 millions d’euros. Et encore la mesure ne s’applique-t-elle pour l’heure qu’aux élèves des classes de Seconde à Terminale. Si elle devait être étendue à toutes les classes, comme le prévoyait initialement le projet de Nicolas Sarkozy, le coût exploserait.
La grogne atteint même les députés de l’UMP. Deux d’entre eux, Jean-François Mancel et André Schneider ont co-signé avec le socialiste Hervé Féron un rapport parlementaire rendu public ce mercredi. Ils préconisent purement et simplement la suppression de la mesure et la redistribution des crédits vers les bourses ou les subventions aux établissements. Les députés pointent du doigt l’effet d’aubaine, qui permet à des familles qui ont les moyens de payer les frais de scolarité de bénéficier du remboursement.
Mais le débat n’est pas clôt pour autant. Une bataille des rapports s’annonce. En avril, Nicolas Sarkozy a en effet commandé un autre rapport sur le sujet à deux élues UMP, Geneviève Collot, députée de l’Essonne et Sophie Joissains, sénatrice des Bouches du Rhône. Elles sont notamment venues en voyage d’étude à New York début juin, où elles se sont rendues au Lycée Français, mais ont aussi découvert des “solutions alternatives” tels les programmes bilingues des écoles publiques new-yorkaises. Leur rapport doit être remis au Président de la République dans les tous prochains jours. De source familière avec leur travail, les deux élues semblaient s’orienter vers un blocage de la mesure aux classes déjà concernées (de la Seconde à la Terminale), mais n’envisageraient pas une suppression. Elles pourraient également s’orienter vers une prise en compte des revenus des familles pour plafonner le remboursement.
Le débat s’annonce virulent, sur fonds de rigueur budgétaire. Difficile pour beaucoup d’élus de justifier une mesure qui, vue de France, apparaît “comme une subvention à des privilégiés”. Rendant compte du rapport, le Parisien parlait par exemple des “grands patrons du CAC 40” qui mettraient leurs enfants dans les Lycées Français de l’étranger, ceci alors qu’aucun patron du CAC 40 ne vit à l’étranger…Les frais de scolarité (aux alentours de 23 000 dollars à New York) apparaissent exhorbitants vus de France, où même les écoles privées sont pour l’essentiel très bon marché (les enseignants étant payés par l’Etat).
A noter que, depuis cette année, le remboursement est déjà plafonné au montant des frais de scolarité de l’année 2007-2008. Les augmentations intervenues depuis sont donc à la charge des familles. Par ailleurs, cette mesure, qui s’applique aux établissements reconnus par l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) ne concerne que les élèves de citoyenneté française. Ceux qui n’ont pas la nationalité doivent payer les frais de scolarité. A New York, seuls 40 % des élèves ont la nationalité française.
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les eleves francais ne peuvent beneficier de cette aide que si les parents (dont “patrons du CAC 40”) vivent aussi a l etranger