80 Saint Marks Place. Si vous aimez l’histoire de la mafia, ou que vous êtes un mafieux vous-même, vous connaissez cette adresse.
Ce bâtiment de l’East Village, avec ses tunnels, son speakeasy et ses salles secrètes, appartenait à l’illustre gangster Walter Scheib et servait de repaire mafieux pendant la Prohition. Scheib, qui ne laissait rien au hasard, était allé jusqu’à bourrer les murs du sous-sol d’explosifs pour accueillir comme il se doit la police ou les gangs rivaux.
Aujourd’hui, l’immeuble abrite le Museum of the American Gangster, le Theatre 80 Saint Marks, où les stars du théâtre et de la musique se sont succédés, un bar où l’on sert de l’absinthe et le cidre. Et, depuis octobre, une petite cuisine d’où sortent tous les jours des galettes et crêpes bretonnes.
Cette cuisine, c’est celle de la crêperie Délice et Sarrasin, lancée l’an dernier dans le West Village par la famille Caron-Soriano. C’est le propriétaire du 80 Saint Marks qui est venu chercher la petite famille toulousaine. Il cherchait un remplaçant pour la crêperie bretonne Crêpe Canaveral, bien connue des locaux et des fêtards, et savait que le restaurant des Caron-Soriano allait prendre de la valeur. Comprenez: être cité dans le New York Times par la faiseuse des rois de la restauration new-yorkaise Florence Fabricant.
“On ne connaissait pas l’histoire des lieux en arrivant ici, c’est surprenant!” avoue Raphaël Caron-Soriano, le fils des propriétaires de Délice et Sarrasin qui gère ce “discovery bar”. Ce solide gaillard, qui a lancé une entreprise dans le secteur du bâtiment, est arrivé il y a cinq mois d’Australie. “On est rattaché à une partie de l’histoire de New York. Ce building fait partie des adresses connues. Nous sommes fiers d’être ici alors qu’on est arrivé à New York il y a moins d’un an. ”
La cuisine, ouverte sur la rue et le bar, sert des galettes classiques et gourmandes, ainsi que des crêpes sucrées, conçues pour être mangées sur le pouce. Les ingrédients sont préparés dans le restaurant principal du West Village et cuisinés dans l’antenne de l’East Village.
Les Caron-Soriano se targuent de faire une “vraie” galette bretonne, fabriquée à partir de la farine importée de Bretagne. “Le West Village est éduqué à ce qu’est la galette. Ici, on touche un autre type de population. Elle ne sait pas ce qu’est la galette ou la crêpe authentique” , ajoute Christophe Caron-Soriano, qui a lancé le restaurant du West Village avec ses parents. Pour propager cette bonne parole, la petite famille envisage d’ouvrir un autre restaurant, peut-être près du Lincoln Center.