Pour comprendre les rouages du changement climatique, on peut se farcir les rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat)… ou jouer à la Fresque du Climat.
Lancé en France, ce jeu de société à succès, qui vise à rendre la science environnementale accessible, part à la conquête des États-Unis. Mille participants y ont déjà pris part sur le sol américain. Outre des particuliers, des entreprises (Estée Lauder, Crédit Agricole, FrenchFounders), des réseaux d’anciens élèves, l’Ambassade de France, le Consulat de France à New York, plusieurs écoles et universités (UC Berkeley, Columbia, MIT) y ont eu recours, notamment à des fins de team building. Un site en anglais a été mis en place pour en faire la promo. « Après avoir joué, certains participants se mettent en mouvement. Ils comprennent qu’il ne va pas seulement faire plus chaud demain, mais que les problématiques sont systémiques », explique Alexis Milcent, co-coordinateur de la Fresque aux États-Unis installé à New York.
L’initiative a été lancée en 2015 par Cédric Ringenbach, un enseignant et spécialiste du changement climatique qui trouvait les rapports du GIEC, qui font autorité depuis 1988, trop touffus pour le commun des mortels. Le jeu consiste en une quarantaine de cartes qui correspondent chacune à un phénomène environnemental (« fonte de la banquise », « hausse de la température », « dérèglement du cycle de l’eau »…). En fonction du texte explicatif sur chaque carte, les joueurs (entre quatre et huit) doivent établir, de manière collaborative, des liens entre chaque phénomène.
Ils bâtissent ainsi une grande « fresque » à base de flèches qui permet de visualiser les mécanismes à l’œuvre derrière le bouleversement du climat. « Ces liens de causalité ne visent pas à simplifier le problème, mais à lui donner toute son ampleur. Cela permet de le nuancer, de commencer à en discuter et de chercher des solutions », explique Alexis Milcent, qui a découvert le jeu en 2020 en rejoignant une partie en ligne proposée sur le site de l’association.
Pour vous faire rêver, voici la fresque de quatre fins esprits de French Morning ! Nous avons pu lui donner un titre et y ajouter quelques images de notre choix pour la décorer.
Chaque atelier se conclut par une discussion avec un « fresqueur », un volontaire de l’association formé par elle pour guider le jeu. « Nous ne sommes pas là pour dire : ‘voilà ce que vous pouvez faire’. À la fin de la partie, on discute de comment chacun agit pour l’environnement au quotidien, mais on ne donne pas de directives et nous n’imposons pas de solutions », insiste Aurélien Armanet, l’un des animateurs de la Fresque à New York. Cet ingénieur dans le domaine du ferroviaire avait cherché à s’impliquer dans différentes initiatives écolos avant de suivre la formation de fresqueur. Il a été séduit par l’aspect collaboratif du jeu. « L’interactivité permet de voir le niveau d’éducation de chacun sur le climat tout en apprenant de nouvelles informations de la part des autres. Cela fait partie de la prise de conscience ».
Le succès de la Fresque du Climat ne se dément pas. Selon l’association du même nom, fondée en 2018 pour mieux diffuser le jeu, le nombre de participants a connu une croissance exponentielle grâce à une médiatisation importante et au bouche-à-oreille. Un million de personnes y ont participé dans cinquante pays entre janvier 2018 et janvier 2022. La fresque se décline aujourd’hui en version « enfants », « adultes » ou « experts » et en plusieurs langues. Elle est gratuite pour les particuliers mais payante pour les entreprises.
En plus de joueurs, l’association est à la recherche de fresqueurs aux États-Unis pour animer les parties en présentiel ou en virtuel. Elle en compte déjà soixante-dix dans le pays, essentiellement des Français. « L’association est née en France et s’est diffusée à l’international par la communauté française. Notre défi depuis un trimestre est d’aller chercher plus de personnes américaines pour devenir animateurs des jeux. C’est ‘so cute’ d’animer avec un accent français, mais cela a plus de sens que ce soit des Américains qui le fassent », explique Alexis Milcent.
Autre défi : la durée des parties – trois heures – peut en effrayer plus d’un. « À chaque fois qu’on en a fait aux États-Unis, on a vu la même magie s’opérer qu’en France ou en Europe. Les retours sont excellents, relativise le coordinateur. Certes, nous devons prendre en compte les sensibilités initiales des publics, mais à chaque fois que les gens sont à bord, l’atelier et la pédagogie fonctionnent ».
Photo et crédit: La Fresque du Climat / Facebook
Le site de la Fresque du Climat (version anglaise) ici