Sur le papier, la vie souriait à Frédéric Blaudeau. Le Français était le patron de « Mouton Noir », une des agences de design et marketing les plus innovantes sur la place de Paris. Il a géré des budgets de plusieurs millions d’euros et travaillé sur l’identité visuelle et sur le site de marques telles que Nespresso, L’Oréal, Canon et Orangina.
Mais les apparences sont parfois trompeuses, le trentenaire le sait bien. «Moins de dix ans après ma sortie d’école, je ne me reconnaissais plus, explique-t-il. Je possédais tous les signes extérieurs de la personne qui avait réussi et je m’attachais à des choses sans importance.» La crise.
Ce champion de voile, élevé en Afrique et bercé par les exploits des navigateurs, met donc les voiles. Au cours de l’été 2009, il prend trois semaines de vacances en Californie pour faire le point. Il y retrouve un ami de Quiberon installé à Santa Barbara, perdu de vue depuis dix ans. «Il avait créé sa société. J’ai trouvé son aventure courageuse. Cela m’a fait réfléchir à ce que je souhaitais réellement faire de ma vie.»
Santa Barbara lui offre aussi autre chose : “Je suis tombé amoureux de la région et je souhaitais m’y installer, d’autant plus que je venais de rencontrer une Californienne, Dana, qui allait devenir ma femme.» Il décide donc, au printemps 2010, de poser ses valises sur la côte Ouest. «Mes amis et ma famille n’ont pas été surpris par mon choix. Ils savaient depuis longtemps que j’étouffais à Paris et que j’avais besoin de changer d’air.» En novembre de la même année, il décide de lancer son agence de design et marketing, French Design Agency.
L’Europe a « des années d’avance » en matière de design
Son premier projet est de travailler sur la stratégie et l’image de la société de son ami : «Je m’en suis servi comme carte de visite, afin de montrer ce dont j’étais capable en matière de création graphique. Et cela a bien marché. » Sans négociation, il assure avoir décroché des contrats pour une demi-douzaine de sociétés dans tous les domaines : spas/resorts, architecte, bars, life center, salon de thé… Depuis, Frédéric Blaudeau a pu embaucher deux graphistes aux Etats Unis et trois autres à Paris. «C’est excitant de repartir à zéro ! L’adaptation n’a pourtant pas été facile car les affaires ne marchent pas par réseau, comme en France. Par ailleurs, les Américains sont moins souples sur les négociations financières. En revanche, lorsqu’ils te font confiance, tu deviens presque un membre de leur famille : tu vas golfer avec eux ou faire un barbecue !»
Selon le jeune chef d’entreprise, ce démarrage en trombe est surtout lié à la réputation des Français en matière de design : «Les Américains apprécient notre French Touch, c’est-à-dire un raffinement, un style, une sensibilité et un côté charmant qu’ils n’ont pas. Les Français ont une manière de présenter les marques et d’envisager les stratégies qui semblent révolutionnaires ici. L’Europe a des années d’avance en matière de design.»
Optimiste et souriant sous sa barbe de trois jours, Frédéric Blaudeau lorgne déjà vers de nouveaux marchés : «Mon souhait est de développer mon activité de global design de Los Angeles à San Francisco.» L’intéressé se donne d’ailleurs deux ans pour y parvenir, et attirer de nouveaux partenaires financiers. Et lorsque sa société sera parvenue à se faire une place au soleil californien, Frédéric Blaudeau sait déjà quelle sera la prochaine étape de sa vie : «Je ferai le tour du monde en bateau !» Une passion à laquelle s’ajoute son goût pour les rillettes de maquereaux dont il fait profiter ses amis français de Santa Barbara.