Elizabeth Stribling est devenue francophile dans le sud des Etats-Unis. “Je suis née dans l’Etat de Géorgie. Et quand je voyageais en France, je retrouvais beaucoup de coutumes que je connaissais du sud des Etats-Unis. En France, je me sentais vraiment chez moi”, raconte cette magna de l’immobilier de luxe, présidente de l’agence Stribling & Associates.
La francophilie de Mme Stribling l’a menée à la tête du conseil d’administration de la French Heritage Society (FHS). Depuis 1982, l’organisme, connu sous le nom de Friends of Vieilles Maisons françaises jusqu’en 2002, a pour mission de préserver les monuments historiques en France et ceux d’inspiration française aux Etats-Unis. Le 14 novembre, il fêtera ses trente ans lors d’un grand cocktail dînatoire au Union Club autour du thème Americans in Paris.
L’idée de fonder une association dédiée à la préservation des trésors historiques de la France est née d’une initiative de Michèle le Menestrel-Ullrich, une Française passionnée d’architecture, entourée d’un cercle d’Américains francophiles. “Sur une base informelle, ils décidaient d’organiser des événements pour aider à protéger l’architecture française qu’ils aimaient tant, raconte Mme Stribling. Depuis, l’intérêt des donateurs et la reconnaissance publique de notre société n’ont cessé de progresser“.
Certes, FHS n’est pas la première initiative philanthropique américaine pour restaurer des monuments en France, mais la particularité de la Society réside dans le fait que l’argent n’est pas levé pour une seule institution, mais pour des projets dans toute la France et aux Etats-Unis. « Une abbaye dans le sud-ouest, un escalier en Gascogne, un opéra à San Francisco ou une maison dans le quartier de Tremé à la Nouvelle-Orléans. C’est un ensemble”, explique Mme Stribling.
Les 400 membres de la French Heritage Society sont organisés en 14 délégations, dont 13 aux Etats-Unis et une à Paris. Pour obtenir un prix de restauration, le monument, “même s’il est privé, doit être ouvert au public”, souligne Greg Joye, directeur général de la FHS. A ce jour, quelques 9 millions de dollars ont été levés pour plus 500 projets.
Outre lever de l’argent, le groupe organise des échanges d’étudiants et d’architectes pour perpétuer le savoir-faire dans le domaine de la restauration, en partenariat notamment avec le Smithsonian Program et le musée du Louvre. En trente ans, plus de 300 échanges ont pu être réalisés.“Ce n’est pas que des Américains riches qui donnent de l’argent pour la France, mais une véritable rue à deux sens”, précise Greg Joye.
Cependant, la situation économique actuelle n’est pas favorable aux préservationnistes. La crise “rend plus difficile la levée d’argent”, confirme Mme Stribling. “Même pour les entreprises, il est plus difficile de faire des dons pour des projets dans notre secteur, car elles doivent rendre des comptes à leurs actionnaires”, ajoute Greg Joye. En cette année de trentenaire, la FHS veut lever 560.000 dollars pour 18 projets de restauration en France et aux Etats-Unis. Parmi eux, le Pavillon de l’Etang du Château de Fontainebleau et le musée Rodin à Philadelphie.