La Franco-américaine Esther Duflo, professeure au MIT (Massachusetts Institute of Technology) reçoit le 51ème “prix de sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel”, avec ses collègues Abhijit Banerjee et Michael Kremer, pour leurs travaux sur la réduction de la pauvreté dans le monde.
Peu connue en France, où elle est née et a fait toutes ses études (Lycée Henri IV puis Ecole Normale Supérieure), avant de rejoindre le MIT, Esther Duflo, 46 ans, est une des économistes stars de sa génération, notamment aux Etats-Unis. Ses travaux lui avaient valu d’être choisie comme membre du “Conseil présidentiel pour le développement global” de Barack Obama, en 2013.
Les travaux du trio lauréat “ont considérablement amélioré notre capacité à combattre la pauvreté dans le monde”, précise le communiqué de l’Académie royale des sciences, “en seulement deux décennies, leur nouvelle approche expérimentale a transformé l’économie du développement, qui est désormais un domaine de recherche florissant”. Michael Kremer, professeur à Harvard, a le premier utilisé au milieu des années 1990, des expériences de terrain pour tester diverses interventions susceptibles d’améliorer les résultats scolaires dans l’ouest du Kenya. Esther Duflo et Adhijit Banerjee, mariés à la ville, ont ensuite élargi la démarche à d’autres pays et d’autres questions. Les trois sont reconnus pour avoir développé ces méthodes de recherche expérimentale qui dominent aujourd’hui l’économie du développement.
Jointe par la radio américaine NPR, Esther Duflo a souligné que le but des trois chercheurs était de “s’assurer que le combat contre la pauvreté était basé sur des preuves scientifiques. Souvent, les pauvres sont réduits à des caricatures et très souvent même les gens qui veulent les aider ne comprennent par les causes profondes du problème”.
Seulement deuxième femme à recevoir le Nobel d’économie après Elinor Ostrom, en 2009, Esther Duflo a également souligné que ce prix arrive à un moment où “on commence à réaliser dans la profession que la façon dont on se comporte les uns avec les autres, en public et en privé, ne créé pas nécessairement le meilleur environnement pour une femme. J’espère que montrer qu’il est possible pour une femme de réussir et d’être reconnue pour ce succès qui va inspirer beaucoup d’autres femmes à continuer à travailler -et beaucoup d’autres hommes à leur donner le respect qu’elles méritent, comme tout être humain”.
Le prix d’économie (qui n’est pas officiellement nommé “Nobel d’économie” car ne faisait pas partie des cinq prix créés par Alfred Nobel dans son testament) sera remis officiellement avec les prix Nobel le 8 décembre. Et comme pour les autres prix, les lauréats se partageront la dotation de 870 000 euros.