Le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN fait la une des pages internationales de tous les grands journaux américains. Dans son édition du 11 mars, le New York Times fait un rappel exhaustif des faits, tandis qu’Edward Cody, dans le Washington Post, applaudit vivement cette nouvelle initiative dans le sens d’un rapprochement franco-américain. Il félicite le président français d’avoir su dépasser une idéologie gaulliste archaïque depuis la fin de la Guerre Froide.
Bruce Crumley, correspondant au Time, tempère les ardeurs de son collègue, en faisant le portrait d’une France qui s’accroche à sa fierté nationale et à son hostilité vis-à-vis des États-Unis. Il souligne le ton défensif adopté par Sarkozy lors de son discours mercredi dernier, en réaction à la forte opposition rencontrée au sein de la classe politique française. Son article se fait ainsi l’écho des critiques apportées par Dominique de Villepin et Martine Aubry. Il se termine néanmoins par une “bonne nouvelle“: 58% de l’opinion publique française est derrière Nicolas Sarkozy.
Le Global Post, un journal en ligne spécialisé dans les enjeux internationaux, publie une analyse plus détaillée et plus nuancée que ses confrères. Pour John K. Glenn, chercheur dans un think tank consacré aux relations étrangères entre l’Amérique du Nord et l’Europe, cette décision de Nicolas Sarkozy, pourtant saluée de toute part par les médias américains, n’est pas sans danger pour le Barack Obama. En réintégrant les instances dirigeantes de l’Alliance Atlantique, la France augmente mathématiquement le poids de l’Europe sur les questions internationales, mettant Obama au défi de produire des résultats et de rendre des comptes à ses partenaires européens. L’auteur note également que le retour de la France dans l’OTAN laisse une inconnue majeure: l’aide apportée par les Français, et plus largement les Européens, aux troupes américaines en Afghanistan. Certes, le nouveau discours atlantiste de Sarkozy réjouit les oreilles américaines, mais dans un pays où la realpolitik est reine, il serait encore plus apprécié si il s’accompagnait de mesures effectives, à savoir l’envoi de soldats supplémentaire au Moyen-Orient.
Enfin, retrouvez une analyse très approfondie de la politique étrangère française dans une autre revue spécialisée, Foreign Policy, implantée à Washington. L’analyste commence par rejeter l’approche simpliste qui décrit Nicolas Sarkozy comme un atlantiste convaincu. Au contraire le président français reste fidèle au gaullisme dans sa volonté de rétablir l’influence de la France sur la scène internationale, en utilisant notamment l’Europe, et ses qualités de négociateurs, pour se faire.
Toujours dans la rubrique “La France dans le monde”, US News publie un long et très complet article sur la puissance nucléaire française. C’est peut-être le seul secteur de l’économie mondiale ou la France est largement imbattable, et même mieux, ou elle fait figure de proue. Pour le journaliste, Eduardo Cue, il ne fait aucun doute dès le premier paragraphe que “la France est l’enfant modèle du nucléaire“. Rien de très nouveau jusqu’à présent, si ce n’est que ce dernier prédit également au nucléaire français un avenir radieux avec la vente à l’international de centrales nouvelle génération. Il explique en détail les mécanismes qui permettent aujourd’hui à la France d’être compétitive dans le domaine de l’énergie (centralisation des politiques, coopération renforcée entre les différents acteurs du secteurs), mais n’oublie pas de citer deux problèmes qui pourraient handicaper le développement du nucléaire: d’abord, l’insoluble question du retraitement des déchets radioactifs, et ensuite l’opinion publique française. Lui a-t-on déjà demandé son avis? Non, s’alarme le journaliste.
Dans son édition en ligne du 12 mars, le TIME Magazine questionne l’utilité de la loi contre le téléchargement illégal sur internet, la très controversée loi HaDoPi, en ce moment débattue à l’Assemblée Nationale. Oui, il faut défendre la culture française et la si choyée “exception française”, mais l’article se fait surtout le porte-parole des critiques éthiques, législatives et économiques à l’encontre de cette mesure destinée à combattre les pirates. Pour Bruce Crumley, auteur de l’article, l’objection la plus évidente à cette loi est d’ordre géographique: comment une législation, nationale, peut être efficace contre un phénomène sans frontières? Surtout, le journaliste du TIME pose cette question dérangeante, déjà sur beaucoup de lèvres en France: la loi sur le téléchargement n’est-elle pas un cadeau pour les amis people de Nicolas Sarkozy? Réponse assassine de ce dernier: certainement, car si Internet, et les téléchargements, font fi des pays, il n’y a qu’en France que l’on peut avoir envie de télécharger le dernier film de Christian Clavier ou le nouveau titre de Johnny Haliday.