Revue de presse. Fini le temps de l’insouciance en France : ses entrepreneurs prennent la fuite et sa jeunesse déprime.
Dans son article “Jeune, diplômé et sans emploi en France”, le New York Times plonge dans le désespoir des jeunes diplômés français, à la recherche d’un emploi. Mlle Forriez, 23 ans, “fait partie d’un problème croissant en France (…) – les chômeurs jeunes et éduqués, qui vont d’un stage à l’autre, d’un contrat à court terme à un autre, mais qui ne peuvent pas trouver d’emploi permanent.” Et le journal poursuit : “Il s’agit d’une «génération flottante» (…) et son sort est largement considéré comme un échec du système”. La critique qui s’ensuit est tout aussi acerbe que le constat: “Une tradition éducative élitiste qui n’intègre pas les diplômés dans la vie professionnelle, un marché du travail rigide dans lequel il est difficile d’entrer, et un système fiscal qui fait qu’il est cher pour les entreprises d’embaucher des employés à temps plein, difficile et cher de les licencier.”
Afin de souligner toute l’ampleur de la détresse de la “génération perdue”, le New York Times présente des chiffres catastrophiques : le taux de chômage parmi les individus âgés de 15 à 24 ans est de 22 %, 42 % des jeunes employés occupent un emploi temporaire et 30 % un temps partiel. Un autre défaut mis en relief par le NYT : “Seulement 40 % des étudiants entrant à l’université obtiennent leur diplôme, le reste abandonne, formé à rien.”
Le journal se montre particulièrement sceptique quant aux perspectives de cette génération. Même un “changement structurel prend du temps, et offre peu de consolation pour ceux qui sont pris dans le piège de l’adolescence prolongée, avec des cycles de travail temporaire et le chômage.” Pour finir son article, le Times cite Olivia Blondel, une de ces jeunes désespérées, qui a dû partir à Londres pour trouver un emploi. “J’ai essayé 1001 fois avec le pôle emploi, mais ça n’a pas marché.”
La grande évasion des entrepreneurs
Les jeunes ne sont pas les seuls à partir, les entrepreneurs aussi, à en croire Bloomberg Businessweek. L’article intitulé “La France n’est plus sexy pour les entrepreneurs fuyant Hollande, les impôts” donne l’impression d’une véritable fuite collective des chefs d’entreprise, comme Jean-Emile Rosenblum, 34 ans, qui quitte le pays avec sa famille. “Avec tous les frais, les impôts et la pression sociale, la France ressemble plus à une vieille fille”, peste-t-il. Et le site enfonce le clou en citant Steve Horton, conseiller fiscal à Paris. “La France peut difficilement rivaliser maintenant avec Moscou, New York et d’autres capitales pour les travailleurs d’élite (…). La France a tué la poule aux œufs d’or.”
Mais c’est surtout les rumeurs d’une éventuelle nationalisation des activités en France du géant de l’acier en difficulté ArcelorMittal, qui ont provoqué une vague d’indignation chez les journalistes américains. “Le Président François Hollande a-t-il laissé le génie de la nationalisation sortir de la bouteille?”, se demande le New York Times tout en rappelant qu’en France, “le taux de chômage est supérieur à 10 pour cent, et (…) ‘intervention’ n’est pas un sale mot”.
Dans un article de Bloomberg, des PDG français mettent en garde contre une telle mesure, qui dissuaderait les investissements étrangers: “C’est une arme atomique” ou encore “On devrait rappeler que nationalisation est expropriation”. Et le journal Forbes constate de façon consternée : « Nous avions d’abord supposé que le gouvernement français faisait simplement de la rhétorique, ce n’est plus le cas ».
Le Baltimore Sun se penche lui sur “Le malaise de la France avec le capitalisme” et livre un excellent résumé de tous les stéréotypes qui existent sur l’éthique de travail aux Etats-Unis et en France. Après avoir constaté que la France avait été de toute évidence “un allié plutôt peu fiable depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale”, Robert L. Ehrlich Jr, l’auteur de l’article, explique pourquoi l’Amérique tiendra toujours tête aux Français. “Aux Etats-Unis, la plupart des gens préconisent toujours une éthique de travail “à la force du poignet”. Cela englobe beaucoup de travail et de sacrifice. Le contraste avec la culture et l’économie françaises ne peut pas être plus évident. (…) De l’autre côté de l’océan, des taux d’imposition élevés soutiennent une bureaucratie gouvernementale gigantesque qui favorise la dépendance et contrôle un réseau de sécurité sociale tout-englobant. (…) La bureaucratie est trop grande. Le filet de sécurité trop confortable. Les syndicats trop puissants.”
Burger King est de retour en France
Heureusement, il y a tout de même une bonne nouvelle sur le front de l’emploi. Le New York Times raconte le retour en France de la chaîne américaine de fast food Burger King, après 15 ans d’absence. “Des messages enthousiastes sur Twitter aux réflexions sociologiques dans le toujours très sérieux Nouvel Observateur, la France a célébré cette semaine, ou, dans certains cas, lamenté, la seconde venue du Whopper”, analyse le journal. “Le premier Burger King a ouvert sur les Champs Elysées en 1980, mais la restauration rapide était une notion étrangère à l’époque, et la franchise est partie en 1997”, rappelle le site Newser.
Pour le New York Times, la grande vague de rumeurs sur l’ouverture de deux points de vente à Marseille et en Champagne est l’expression “du rapport d’amour/haine de la France pour tout ce qui est américain. (…) Le buzz sur Burger King, cependant, est un indicateur que pour chaque Français qui dénonce l’américanisation de la culture française, un autre salue l’obsession du pays avec Americana, si celle-ci se présente sous la forme de la restauration rapide ou du film noir hollywoodien.”