C’est un triste constat que fait le site économique Bloomberg cette semaine : la France est un pays en déclin. A travers plusieurs témoignages d’experts et de non-experts, le journal brosse le portrait d’un pays “irréformable“, plombé par son Etat-providence dont il sera difficile de se dépêtrer. Selon la journaliste Vidya Root, les prestations sociales sont considérées par le peuple français comme des droits quasi-inaliénables et “si un gouvernement n’en touchait ne serait-ce qu’une partie, les Français descendraient dans la rue.” Les mentalités sont rigides en France, explique la journaliste. “Réformer la France est difficile, les Français sont tellement accoutumés à l’intervention directe de l’Etat. Avant tout, il faudrait changer les mentalités“.
Pour le New York Times, l’Etat-providence français “montre aussi de plus en plus de faiblesses” et “les Français ont peur pour leur future dans ce siècle tourmenté“. Heureusement que le désormais incontournable blockbuster Intouchables est là pour remonter le moral de ces pauvres Gaulois. Dans un pays “où le sport national est l’indignation et la tristesse l’humeur quotidienne”, ce feel good movie est une bouffée d’air frais, une bonne surprise qui tranche avec les “habituels films français déprimant sur le chômage, la lutte des classes ou la délocalisation”. Pour le journaliste, c’est bien simple, on nous a menti : ce film ne doit tout bonnement pas être français – “un-french“, écrit-elle : “Où sont donc passés les intellectuels, les utopistes et les sempiternels monologues sur la condition humaine ?“
Marmots
Si l’Etat-providence et l’économie française font naufrage, la France aura pu, ses dernières semaines, retrouver un peu de sa superbe dans “Bringing up Bébé”, le livre de Pamela Druckerman dans lequel la journaliste américaine fait l’apologie de l’éducation à la française (lire notre interview de l’auteur ici). Il n’en fallait pas plus pour remuer un fond de patriotisme chez les parents américains. Dans le Huffington Post, Paige Bradley est montée au créneau pour défendre l’éducation “made in USA”. “Alors que les Français encouragent l’uniformité de la pensée intellectuelle et la patience, les Américains accordent plus d’importance à l’originalité et l’esprit d’entreprise”, estime la journaliste. L’éducation à la française serait régie par des principes “dépassés” issus de la “tradition de la méritocratie”. Pour preuve, alors qu’en France, le niveau d’études permet soi-disant d’acquérir un bon métier, aux Etats-Unis, “on peut partir de rien et finir en Une du Times”. C’est The Atlantic qui remet les compteurs à zéro, en faisant réagir les premiers concernés, à savoir les sacro-saints parents français. Et là aussi, ça y va : “Vu des Etats-Unis, les mères françaises sont vues comme des créatures parfaites, à la fin ça en devient irritant”, tacle la journaliste Julie Rasplus. Le livre de Pamela Druckerman s’appuie sur son expérience en milieu bourgeois : “Elle n’a donc pas vraiment le recul nécessaire pour juger de ce sujet de manière globale“. Parents américains, soyez donc rassurés, les petits monstres existent en France aussi.
Mormons
Pour terminer cette revue de presse, un reportage sur un aspect peu connu du paysage religieux français. La journaliste Lisa Bryant de la radio Voice of America, est allée à la rencontre de la communauté mormone française à l’occasion de l’édification controversée à Chesnay d’un temple dédié à ce groupe religieux.
A travers ce reportage, le lecteur comprend que deux mondes s’affrontent dans la petite commune près de Versailles. A la différence des Etats-Unis « qui pourraient avoir leur premier président mormon cette année » en la personne de Mitt Romney, la journaliste ne manque pas de relever que le mormonisme est une curiosité en France. La foi est assimilée à “une communauté de polygames” ou vue avec “beaucoup de suspicion” dans “une France majoritairement catholique”. Une suspicion due en partie à des « méthodes marketing de prosélytisme auxquelles les Européens n’ont pas l’habitude. » Les Français ont tant de choses à apprendre des Américains.