Christine Lagarde faisait l’objet dimanche soir d’un portrait de 13 minutes dans l’émission-phare de CBS, “60 Minutes”. Avec la journaliste Lara Logan, elle a évoqué la crise économique et financière actuelle et son ascension sociale et professionnelle, de son enfance modeste au Havre marquée par le décès de son père quand elle avait 16 ans, à son poste actuel de directrice générale du Fonds monétaire international. Bref, elle a parlé de tout sauf de son prédécesseur Dominique Strauss-Kahn, dont le nom n’est cité qu’en lancement du sujet.
La rencontre entre un médium américain et un Français produit toujours des moments drôles, des commentaires décalés ou stéréotypés riches en enseignements sur la perception américaine de la France. Tour d’horizon des préjugés confirmés ou infirmés par l’interview :
– Confirmée, l’élégance à la française: bien coiffée, claire et précise, Christine Lagarde présente bien. Dans le reportage, elle exhibe toute la richesse de sa garde-robe (au moins trois broches, deux colliers, quatre foulards et surtout énormément de boucles d’oreille). So French.
– C’est fou comme elle parle bien anglais : la classe politique française nous a habitué à de bien piètres performances en anglais. Christine Lagarde, elle, assure. Rappelons qu’elle a rejoint les bureaux parisiens du cabinet d’avocats américain Baker & McKenzie en 1981. En 1995, elle a gagné Chicago pour devenir membre du comité de direction de la société puis, en 1999, sa première « Chairwoman ». « Une Française, à 43 ans, à la tête d’un grand cabinet américain » s’étonne la journaliste.
– Les Français, ces machos: Christine Lagarde explique que le premier cabinet d’avocat auquel elle a postulé lui a dit que ses qualifications étaient impeccables mais qu’elle ne deviendrait jamais associée. Pourquoi? Parce qu’elle est une femme. Elle raconte qu’elle est partie précipitamment de l’entretien.
– Aidée par son américanité: « Pour le Président Nicolas Sarkozy, l’attrait pour Lagarde tenait à son américanité, souligne le reportage. Son anglais presque parfait, son carnet d’adresse fourni et son style sans détour. » Heureusement qu’il y a des Américains chez les politiques français!
-Les Français fainéants, surtout à gauche: Christine Lagarde est interrogée sur son discours du 10 juillet 2007 présenté comme une tentative de “faire travailler ses compatriotes davantage.” Dans ce discours, “elle a osé questionner un passe-temps favori des Français: penser. La France est un pays qui pense trop, a-t-elle déclaré devant l’Assemblée nationale. Retroussons-nous les manches!”
“C’était choquant pour beaucoup de parlementaires français, dit-elle à “60 Minutes”, surtout pour la gauche car ce n’était pas le style de langage auquel ils étaient habitués.”
“J’ai été louée aux Etats-Unis, et lourdement, brutalement critiquée en France“. Tout est dit.
-La Baguette: Un reportage sur une Française ne serait pas sans la bonne vieille Baguette, qui fait son apparition quand Christine Lagarde et son compagnon l’entrepreneur Xavier Giocanti (vêtu d’une écharpe, autre attribut très européen) se rendent au marché acheter… une fougasse.
Voir l’entretien avec Christine Lagarde en intégralité: