Si Las Vegas est surtout réputée pour ses nombreux casinos et ses spectacles grandioses, la ville possède aussi, depuis une vingtaine d’années, son propre orchestre philharmonique. Pour en assurer le développement et en faire un orchestre de référence aux États-Unis, ses dirigeants ont fait appel à la Française Anne Berquist, une pointure dans le monde feutré de la musique classique.
Originaire de Douai, cette violoncelliste accomplie est une spécialiste reconnue de la musique de chambre. En France, elle a notamment assuré la direction artistique de Disneyland Paris, avant de travailler au théâtre du Châtelet à Paris, puis de diriger les études du Conservatoire national d’Amiens. En 2001, sa carrière a pris un nouveau tournant quand elle a traversé l’Atlantique pour venir s’installer aux États-Unis.
Une longue carrière américaine
« Je me suis installée dans le Michigan, à Kalamazoo, où j’ai été recrutée comme Directrice exécutive du Conseil des arts. Cette petite organisation avait entendu parler de moi. C’est un poste que j’ai beaucoup aimé car, en plus de la gestion du Conseil, j’avais en charge la direction artistique. Pendant sept ans, nous avons pu proposer un programme audacieux et éclectique », se remémore-t-elle.
Après cette première expérience, Anne Berquist a été nommée Présidente et Directrice générale de l’école Ann Arbor, avant de rejoindre la ville de Grand Rapids pour s’occuper de la direction exécutive de l’opéra de la ville. Ici encore, la Française a eu l’occasion d’assurer la programmation artistique de cette institution. Avant de partir pour le Nevada, Anne Berquist a également officié dans une agence de relations publiques.
Las Vegas, une nouvelle étape
À Las Vegas, la Française arrive dans un environnement où tout est à faire car, avec la pandémie de Covid-19, la philharmonie a beaucoup souffert. « C’est l’un des rares orchestres des États-Unis dont 50 % des revenus proviennent de la billetterie. Il n’y a pas vraiment d’autres sources de financement puisqu’il n’y a pas de fonds réguliers, comme c’est le cas ailleurs. Cette organisation avait besoin de quelqu’un qui comprend les enjeux financiers, politiques et artistiques, nécessaires à son développement », assure-t-elle.
La mission de la nouvelle directrice exécutive s’avère passionnante, avec des premiers concerts au Smith Center prévus fin octobre et fin novembre. Les quelque 70 musiciens de l’orchestre se retrouveront enfin, après plus d’un an sans avoir joué en public. Mais au-delà de cette rentrée musicale, Anne Berquist souhaite aller plus loin. « Je suis en train de tout restructurer afin d’étoffer les équipes, explique-t-elle. Et surtout, je m’active pour bénéficier de plus de fonds permanents afin de stabiliser le budget. »
Elle pense aussi à la suite, avec de nombreuses voies à explorer. « Nous entretenons de très bonnes relations avec les hôtels de la ville, il y a sans doute des choses à faire de ce côté-là… Je pense aussi aux écoles et à l’université, où nous pourrions travailler autour de l’éducation musicale ». Anne Berquist ne manque pas d’idées et de projets. « Je me donne 18 mois pour avoir une bonne vision d’ensemble et 36 mois pour développer notre activité, conclut-elle. Mais pour tout dire, je travaille pour les 25 prochaines années ! »