“J’ai eu envie de monter Courteline en dentelles parce que je m’amuse vraiment à le jouer“, raconte Jérôme Deschamps. Créateur avec sa femme Macha Makeïeff de la désopilante et cultissime famille Deschiens, directeur du Théâtre National de l’Opéra Comique, et acteur historique de la Comédie Française, c’est cette fois la casquette de metteur en scène qu’il a revêtue en adaptant plusieurs petites pièces du dramaturge et romancier Georges Courteline. C’est son oncle, Hubert Deschamps, second rôle marquant du cinéma français, qui a mis ces pièces pour la première fois entre les mains du metteur en scène. “Dès cet instant, je me suis passionnée pour ses saynètes de la vie courante et j’ai toujours secrètement rêvé de les adapter“, confie Jérôme Deschamps. Et pour ce faire, le metteur en scène a attendu plusieurs années avant de trouver un comparse à sa démesure, Michel Fau, qui a d’emblée accepté le projet.
Ce n’est pas la première fois que le comédien joue à New York mais présenter ainsi “Courteline en Dentelles” au public new-yorkais lui tenait particulièrement à coeur “parce que l’oeuvre de Courteline est un pan souvent oublié du répertoire français, estime-t-il. Je trouvais ça intéressant de jouer à New York autre chose que des classiques de la Comédie Française et de permettre au public anglophone de connaitre autre chose que du Corneille ou du Molière.” La pièce sera également sous-titrée en anglais. “Une bonne chose, selon le metteur en scène, je voulais que tout le monde soit à même de comprendre cette pièce qui est universelle dans son message“.
Auteur contemporain de Georges Feydeau est célèbre pour ses marivaudages et autres vaudevilles, les pièces de Courteline n’en restent pas moins “très contemporaines“. La mise en scène est minimaliste comme si Jérôme Deschamps avait voulu concentrer toute l’attention du public sur les textes. Ce parti pris est entièrement assumé : les deux acteurs sont derrière leurs pupitres et tournent religieusement les pages de leur texte. Point de décors grandioses ou de costumes excentriques, quelques accessoires en dentelles permettent au comédien-metteur en scène et à son compagnon de jeu de passer d’un rôle à l’autre, comme lorsqu’ils enchainent les personnages masculins et féminins: la dentelle est portée sur la tête pour jouer les rôles de femmes ou façon collerette pour les hommes. Des changements de registre à répétition qui ne gêneraient pas l’extravagant Michel Fau, “qui passe son temps à se travestir en femme“, selon les dires de Jérôme Deschamps. Les pièces “flirtent également parfois avec l’absurde, jusqu’à faire presque penser à du Beckett“. Par exemple, dans Vingt-six, une des pièces phares du spectacle, les deux acolytes, “sans doute un peu trop alcoolisés“, cherchent en vain leur domicile dans toutes les rues de Paris avec pour seul indice le numéro de leur immeuble. Si Michel Fau apporte son univers burlesque et décalé à l’oeuvre de Courteline, Jérôme Deschamps amène quant à lui son humour grinçant. “Courteline en dentelles” reste “une satire de la bêtise humaine” déguisée en “farce gigantesque“.
Infos pratiques :
“Courteline en dentelles” de Michel Fau et Jérôme Deschamps, en français sous titré en anglais, les 29 février et 1er mars à 20h au Florence Gould Hall (FIAF), 55 East 59th Street, tickets à $45.