Flashback. Ou plutôt Flashdance, du nom du film qui popularisa leurs vêtements aux Etats-Unis. On est au début des années 1980, Marithé et François Girbaud deviennent les rois du streetwear, avec des jeans stonewashed et des pantalons baggys. Succès aux Etats-Unis. Même le New York Times s’extasie alors devant leurs vêtements qui évoquent « les survêtements qu’on porte dans nos meilleures prisons, et les combinaisons des techniciens de la NASA ».
Les Girbaud vendent alors leur licence à un distributeur qui en fait les rois dans le monde de la hip-hop. Les rappeurs adorent Djirbod’ comme on le prononce au nord de Central Park.
« Mais aujourd’hui, on se retrouve ghettoisé » se plaint François Girbaud.
Les vêtements haut-de-gamme pour femmes ne sont pas arrivés jusque là. A croire que les rappeurs ne sont pas sensibles aux petits boutons de nacre et aux coutures extérieures délicates des petites robes vaporeuses.
Pour exister autrement qu’auprès du « segment urbain » – euphémisme américain pour parler des quartiers noirs- en 2001, Girbaud prend pignon sur rue dans les beaux
quartiers. Au 47, Wooster Street, une petite rue pavée entre Grand Street et Broome Street. « Deux blocs trop au sud » grogne François Girbaud dans sa barbichette (découpée en deux carrés qui doivent demander de l’entretien). « Juste au moment où les autres partaient vers le meatpacking district. »
Une agence de com a donc été chargée de ressusciter l’endroit une fois par trimestre. C’est Zoe Bradley une artiste londonienne qui a accroché d’immenses fleurs violettes et blanches un peu partout dans la boutique. Des
installations aux airs de papier sculpté qu’on retrouve sur une dizaine de chapeaux à 1800 dollars pièces. Sur les portemanteaux, des robes en chiffonnade ravissante. Un type passe vêtu d’une veste bariolée de la nouvelle collection. « Cute » dit une cliente. « Cette veste ? » relève une vendeuse. « Non, l’homme…. » Sur les tables, du pop corn jaune et des chamallows blancs. Aux platines, la DJ passe « Je sais » de Jean Gabin. Le champagne se boit à la paille fluo dans des mignonnettes jaune. Ca fait plein de mousse, on a peur de s’en mettre dans le nez. « Qu’est-ce que c’est joli et sexy, il n’y a que les Françaises pour oser porter des choses comme ça !» s’exclame une Américaine face à une des organisatrices vêtue d’une combinaison dont le décolleté semble décoré de pétales. Dehors, la file de ceux qui attendent de rentrer s’est allongée. Pas de rappeur à l’horizon.
Exhibition “The Hanging Gardens of Pulp”, Marithé + François Girbaud boutique, 47 Wooster Street. PLAN
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whatever bof whatever….