Oenophiles du monde unissez-vous… à Bordeaux. Le grand projet bordelais de “Cité des civilisations du vin”, qui doit ouvrir en 2016, traverse l’Atlantique pour venir y chercher des soutiens auprès des amateurs de vin américains.
Pour fêter ça, le vin coulera à flots à l’ONU le 30 avril pour le lancement officiel de l’association “American Friends of the Cité des Civilisations du Vin” (AFCCV). La forme est classique: du Louvres à Sciences Po, une multitude d’institutions françaises viennent aux Etats-Unis lever de l’argent. A l’ONU, Alain Juppé, le maire de Bordeaux, qui a fait de la Cité un des “grands travaux” de son mandat, viendra à la rencontre de dizaines d’ambassadeurs, soulignant l’ambition internationale du projet, mais aussi des amateurs de vin, prêts à payer 650$ par personne. Ils pourront déguster 50 vins du monde entier, venus de grands pays viticoles comme de plus exotiques (Chine, Inde, Ethiopie…).
A la tête de ces amis de vin -et de la France, George Sape. Cet avocat américain est le président de l’AFCCV mais surtout un connaisseur hors pair, un collectionneur international “qui a toujours eu un faible pour le vin français” raconte-t-il lui-même. Il a attrapé le virus dans le plus improbable des endroits: l’Université du Colorado à Boulder, dans les années 1960. “A l’époque là-bas, c’était plutôt bière ou bière… Mais j’avais un ami dont le père vendait du vin, le seul endroit de Boulder où on pouvait acheter du vin français. Et puis j’ai découvert que les filles aimaient le vin, et on a inventé un club où chaque vendredi soir on allait pique-niquer habillés en smoking en buvant du bon vin, qui était toujours français…”
Il est ensuite envoyé en France pour le compte du Department d’Etat. “Et là je suis devenu un acheteur de vin sérieux”. Sérieux c’est le mot: sa collection de vin a compté jusqu’à 25.000 bouteilles. “Depuis le nombre a baissé, il y a un moment où il faut le boire, je ne veux pas mourir avec mes bouteilles…”
Comme collectionneur, George Sape est resté fidèle à ses premières amours vinicoles, sa cave étant avant tout composée de bouteilles françaises “et un peu de vins américains”. Mais dans la future institution bordelaise c’est, dit-il, l’ambition internationale qui lui a plu: “le vin est devenu une affaire mondiale, avec aujourd’hui plus de 80 pays où on produit du vin. La Cité des Civilisations du Vin va être la première institution au monde qui sera consacrée à cette culture partagée par tant de gens”.
Conçu par les architectes Anouk Legendre et Nicolas Desmazières (Agence XTU), le spectaculaire bâtiment, librement inspiré d’une carafe à vin géante, aura coûté quelque 77 millions d’euros. Il accueillera, à son ouverture en 2016, expositions et évènements “qui seront autant de fenêtres sur le monde du vin, souligne George Sape, un monde où l’Amérique s’est fait sa place depuis 30 ans, il était donc indispensable que les Américains soient impliqués, aident”.
Ils sont déjà une dizaine réunis au sein du board de AFCCV dirigé, aux côtés de M. Sape, par un autre grand francophile et amateur de vin, le banquier Bob Wilmers, PDG de M&T Bank, et par ailleurs propriétaire depuis 15 ans du Château Haut-Bailly (appellation Pessac-Léognan). Objectif dans un premier temps: lever un million de dollars pour financer l’auditorium de l’édifice qui sera baptisé “Thomas Jefferson”. “Qui d’autre, dit George Sape: c’est lui qui a le premier introduit le vin français aux Etats-Unis. Il l’avait découvert quand il était ambassadeur en France et en avait fait la boisson officielle de son investiture”.
A l’ONU, le 30 avril, George Sape espère réunir plusieurs centaines d’Américains, pour commencer à réunir les fonds promis. “Après tout, les Etats-Unis sont devenus le premiers consommateurs de vin au monde”. Et ils le doivent beaucoup à Bordeaux…
Acheter des tickets pour l’évènement