C’est un très long feuilleton, qui dure depuis de nombreuses années : la FACC (French American Chamber of Commerce) de Los Angeles a connu bien des péripéties et jamais vraiment réussi à s’installer dans le paysage, à l’inverse de ses homologues de la plupart des grandes villes du pays, au point de disparaître totalement l’an dernier. Dernier épisode en date, la réouverture annoncée dans les prochains mois, sous l’égide de la FACC de San Francisco.
L’an dernier, la défunte FACC-LA a réalisé une première historique, dont tous les acteurs se seraient bien passés : elle a été le premier “chapitre” à être exclu du réseau national des FACC en novembre, après un vote par le Conseil National, qui regroupe l’ensemble des chambres locales. En cause, explique Marc Somnolet, président de National FACC (et par ailleurs du chapitre de New York) : « des manquements à l’éthique, et notamment des conflits d’intérêt, de l’ancienne équipe dirigeante ». Depuis, il n’y avait donc plus de FACC Los Angeles – l’ancienne équipe continuant sont activité sous un autre nom. « Les chapitres des FACC à travers le pays (17 désormais depuis l’exclusion de Los Angeles) sont tous autonomes et FACC National n’a pas d’autorité sur eux, explique Marc Somnolet, mais en tant que réseau, notre but à tous est de préserver l’intégrité de notre marque, et de faire en sorte qu’il y ait une couverture cohérente: il n’était pas possible de rester sans FACC à Los Angeles ».
Dans la foulée de l’exclusion, un plan de “renaissance” se met donc en place. Et plutôt que de relancer une chambre locale de zéro, « ce qui a échoué de multiples fois à Los Angeles ces dernières années, note Marc Somnolet, nous avons choisi de demander aux Chambres des environs de se positionner pour mettre en place un plan de relance ».
Pour redonner vie à Los Angeles, les deux autres chambres de Californie, San Diego et San Francisco, se positionnent et présentent chacune un plan de relance. Pendant plusieurs mois, elles mènent campagne. La FACC de San Diego prend même les devants, le mois dernier, en changeant de nom pour devenir la FACC SoCal, pour South California, avec pour objectif l’élargissement de son rayonnement à Orange County et Los Angeles. « Pour nous, c’était une extension naturelle, argumente la directrice de FACC SoCal, Sylvie Almeri. Notre chambre compte de plus en plus de membres qui sont actifs dans ces trois métropoles, très proches géographiquement et très imbriquées d’un point de vue économique, notamment dans l’aérospatial avec de grands groupes comme Safran, Véolia, Dassault ou Airbus, qui ont des sites dans toute la Californie du Sud, et qui travaillent les uns avec les autres ».
De son côté, la FACC de San Francisco présente elle un projet « qui vise à mettre en place une structure locale, avec son propre directeur exécutif, très autonome » explique Anne-Emmanuelle de Boysson, directrice exécutive. Elle met aussi en avant son plus grand nombre de membres et les liens déjà existants avec Los Angeles.
Finalement, le conseil national, composé des représentants de toutes les chambres, rend son verdict et vote par 76 voix contre 7 en faveur du projet de San Francisco.
Face à cette décision, Sylvie Almeri, directrice de l’ex Chambre de Commerce Franco-Américaine de San Diego, dit son « incompréhension ». « Ce projet a été voté par des Chambres de commerce de la Côte Est des États-Unis, sans connaître l’écosystème local de la Californie du Sud », regrette-elle, amère. Pour elle, la SoCal FACC, qui est « la troisième chambre aux US en termes de revenus, après New York et le Texas », avait la « pertinence » et la « crédibilité » pour porter la voix de la communauté française de Los Angeles. Mais « l’expérience et la taille du chapitre de San Francisco a sans doute joué, commente Marc Somnolet. Et l’idée que San Diego et Los Angeles puissent constituer une même entité n’a pas convaincu (…) Los Angeles a vocation à avoir une entité indépendante ».
Car, explique Anne-Emmanuelle de Boysson, si la FACC de San Francisco va assumer la responsabilité administrative et financière de cette relance, « nous n’allons pas diriger les choses depuis San Francisco ». Premier objectif : recruter un directeur ou une directrice pour Los Angeles, avec une mise en place espérée pour septembre. « C’est un plan sur lequel on travaille depuis longtemps, mais maintenant on va entrer dans la phase concrète, détaille Anne-Emmanuelle de Boysson. Outre le recrutement, notre objectif est de travailler dans les trois prochains mois sur le plan d’action et de lancer concrètement en septembre ».
À un horizon de quelques années, la nouvelle FACC LA devrait pouvoir voler de ses propres ailes et retrouver le plein statut de chapitre, indépendant de San Francisco. De son côté, Sylvie Almeri, de San Diego, dit ne pas vouloir s’opposer à la décision de la FACC de créer une FACC Los Angeles pilotée par San Francisco. « On va se focaliser sur le Comté d’Orange et San Diego et conserver le nom de SoCal. Mais c’est dommage. Ça ne reflète pas du tout l’esprit que l’on voulait insuffler, en créant une grande communauté interconnectée en Californie du Sud. »
Par Emmanuel Saint-Martin et Agnès Chareton