Projeté au Santa Barbara International Film Festival début mars, le documentaire « Belle Vie » raconte la vie de Vincent Samarco, restaurateur français installé à Los Angeles, et dont la belle affaire dut fermer ses portes pendant la crise sanitaire.
Réalisé par Marcus Mizelle, le film d’1h15 dévoile, sur un ton intime et joyeux, l’aventure américaine d’un quadra français bien heureux et bon vivant, ancien manager de restaurants parisiens (Le Derrière et Nomiya au Palais de Tokyo) débarqué à Los Angeles par amour. « J’ai suivi mon ex-épouse ici en 2013 et j’ai tout de suite aimé, raconte le Français. Je suis devenu ami avec des tas de gens différents et me suis fait ma place ici, comme un bon immigrant des États-Unis. Troisième génération de restaurateurs, je me suis lancé dans le projet de mes rêves, ouvrir mon restaurant. »
Avec les moyens du bord, il trouve sur Wilshire Boulevard, entre un Mcdo et un KFC, un espace disponible. En quelques mois, il monte Belle Vie. Électricité, plomberie, déco… Vincent Samarco gère tout, s’entoure d’un copain Chef, trouve une nouvelle amoureuse et ouvre le 1er août 2016 en sabrant le champagne. Autour du comptoir, les banquettes bistrot rouges rappellent l’ambiance parisienne d’avant. On y boit, on y mange français (sans américanisation de l’assiette) et on y danse certains soirs. Un succès qui s’arrête à l’arrivée du Covid-19, une crise inédite dans le monde, qui endormira, semaine après semaine, toute la ville.
Malgré les difficultés, « Belle Vie » filme le quotidien d’un restaurateur créatif, avec un vrai sens de l’humour – « si les choses tournent mal, je pourrais toujours me transformer en Père Noël, j’ai déjà la barbe qui grisonne », plaisante-t-il dans le film – et surtout prêt à tout pour sauver son histoire. « Ce documentaire ne raconte ni le début ni la fin de ma carrière mais retrace un projet construit avec la sueur et le sang, sans beaucoup d’argent, poursuit Vincent Samarco. Je ne suis pas nostalgique mais je suis ému. Les gens me manquent. J’aime les servir. Célébrer la table et l’art de vivre à la française. »
Si l’envie de rouvrir une affaire le démange, le français s’est donné le temps pour se reconstruire, profiter de sa femme, de la Californie. Engagé dans l’ouverture prochaine du restaurant Workshop Kitchen and Bar (lancé à l’origine à Palm Springs), il garde dans un coin de sa tête l’envie de retrouver son chez soi et ses amis à table. « Comme disait Brillat-Savarin, dit-t-il, la table est l’autel qui est créé pour célébrer le culte de l’amitié. »
Présenté au Santa Barbara International Film Festival, salué par les critiques et le Los Angeles Times, le documentaire frais et sympathique de l’Américain Marcus Mizelle pourrait faire naître d’autres idées. « On a envie de partir en voyage, raconte Vincent Samarco, et de réaliser une série sur les vraies belles campagnes françaises, de faire parler la France, de manger du chou et des lentilles, de parler aux bons fermiers, de passer quelques nuits dans les caves de Champagne et de refaire le monde tous ensemble. »
En attendant la suite, le documentaire « Belle Vie » sera diffusé ce mardi 15 mars sur la plateforme KCET et à partir du lundi 4 avril sur les plateformes généralistes comme iTunes et Amazon.