Après s’être intéressée aux grandes mégalopoles du monde, de Sao Paulo à Mumbai ou Hong Kong, puis s’être penchée sur les villes éternelles de Rome et Tokyo, la photographe et réalisatrice française Chantal Stoman vient de recevoir le prix du meilleur documentaire international au DOC LA Film Festival 2024 fin octobre pour son docu-fiction « L.A L.A End » co-produit en partenariat avec Canal+.
« Ce film est né après la projection à Los Angeles d’un autre de mes films, « Omecittà », racontant cette drôle d’histoire d’une bourgade japonaise passionnée de cinéma, et comptant pas moins de trois salles d’art et d’essai, explique Chantal Stoman. Les Angelenos présents étaient fascinés par cet amour pour le cinéma venu du bout du monde, à un moment où la culture hollywoodienne tend aujourd’hui à disparaître. Est venue alors l’idée de filmer Los Angeles, sous un angle poétique et authentique. »
Sur les pas d’une sosie de Marilyn Monroe, « l’incarnation éternelle d’Hollywood », dit-elle, sa balade dans les quartiers d’Hollywood et de Downtown L.A tente de dévoiler les dernières traces du mythe hollywoodien à travers son architecture, ses théâtres, ses rues, ses dernières boutiques – dont l’historique libraire Larry Edmund’s – et ses rencontres avec d’anciennes gloires du cinéma, apprentis acteurs, collectionneurs de voitures, anonymes ou serveuses bercées de douces illusions.
« Si Hollywood reste encore l’endroit où convergent ceux qui veulent faire du cinéma, force de reconnaître qu’Hollywood Boulevard déçoit lorsqu’on le découvre la première fois, raconte la photographe. Certains, comme cet agent touristique chargé de remplir des bus de touristes, l’ont rebaptisé le boulevard des cœurs brisés. Le Walk of Fame et ses étoiles côtoient désormais les cafés Starbucks et boutiques de souvenirs. Les sans-abris occupent aujourd’hui une partie importante de l’espace. Comme l’explique l’étudiant en cinéma croisé dans mon film, Los Angeles vend un rêve mais semble ne plus le délivrer. »
Arpentant pendant des semaines la ville à pied, en bus avec sa petite équipe – cinq personnes au plus -, et même en stop, Chantal Stoman réussit une immersion secrète dans Los Angeles, emmenant notamment dans les coulisses des plus beaux décors de théâtre, du West Lake Theater, laissé à l’abandon et converti en swapmeet, aux bijoux du Saban Theater devenu un temple des arts et du judaïsme ou du Los Angeles Theater.
« L.A est une ville fascinante. Les gens ont oublié qu‘on peut l’arpenter longuement et découvrir des bijoux insoupçonnés. Des écrivains comme Ray Bradbury ont longuement raconté la ville à pied. Et cela vaut bien plus le coup que le tour des maisons des célébrités de Beverly Hills. Une partie des spectateurs de Los Angeles ont redécouvert leur ville grâce à ce documentaire, cela me réjouit. »
Diffusé sur Canal + jusqu’à la fin du mois de décembre, puis en VOD, le documentaire L.A L.A End pourrait s’inviter dans d’autres festivals en Californie dès l’année prochaine.