Qui est le mouton noir de l’économie ? Certainement pas la France, pour Paul Krugman. Dans un édito du New York Times paru le 30 novembre, l’économiste américain prend de nouveau la défense de la France et désigne l’Allemagne comme l’un des responsables du “désastre” qu’est l’Europe.
Les Etats-Unis sortent de la crise financière, selon Paul Krugman. On ne peut pas en dire autant du Vieux continent, “qui s’écroule lentement” et fait face à une “situation désespérée.” Le chômage y est presque deux fois plus élevé qu’aux Etats-Unis, et les marchés s’attendent à ce que l’Europe subisse la déflation qu’a connue le Japon entre 1997 et 2006.
Après ce constat, Paul Krugman se tourne vers les responsables, qui ne s’avèrent pas être ceux qu’on croit. “Les décideurs politiques européens croient que cette situation est la conséquence de comportements irresponsables: certains gouvernements européens n’ont pas agi avec la prudence requise par une monnaie commune, choisissant de céder à un électorat mal informé et s’accrochant à des doctrines économiques dépassées ” . Une analyse que Paul Krugman juge exacte, à l’exception que le responsable, le “bad actor“, n’est autre que l’Allemagne.
Il met alors de côté le gouvernement grec, dont le “pétrin fiscal est unique en son genre“, et les “problèmes à long terme” de l’Italie qui, selon lui, n’expliquent pas la politique déflationniste de l’Europe. “Si vous cherchez à identifier les pays dont les régulations divergeaient avant la crise et ont affecté l’Europe pendant la crise, et qui refusent d’apprendre de leurs erreurs, tout désigne l’Allemagne comme le pire acteur.” Pour l’économiste, c’est le pays de tous les superlatifs.
Paul Krugman défend ensuite le modèle économique français et détruit, au passage, nombre de clichés. “La France a mauvaise presse (…), écrit-il, mais ces discours sont une exagération de la réalité : vous n’apprendrez jamais des médias que la France ne connait qu’un léger déficit commercial.”
“Depuis l’apparition de l’euro en 1999, le déflateur du PIB en France s’est accru de 1,7% par an, alors que les coûts unitaires du travail ont augmenté de 1,9% par an. Ces deux chiffres sont dans la ligne droite de la Banque européenne centrale, dont l’objectif est de moins de 2% d’inflation, et proche de ce qui s’est passé aux Etats-Unis. L’Allemagne, en revanche, sort du lot, avec une croissance des prix de 1% et un coût de la main-d’oeuvre de 0,5%”, explique l’économiste.
Mais il semble que ces mêmes acteurs de la régulation financière soient “déterminés à faire porter le chapeau aux mauvais pays.” Pour Paul Krugman, la France, qui “a le coût d’emprunt le plus bas de son histoire“, ne “fait pas face à une crise fiscale“, quand bien même la Commission Européenne menace le pays de payer des amendes s’il ne réduit pas son déficit budgétaire.