La France a un nouveau gouvernement. Avec, en vedette américaine, Bernard Kouchner. La presse américaine ne manque pas de rappeler que le nouveau ministre des affaires étrangères a été un des rares à soutenir l’entrée en guerre contre l’Irak en 2003. Le très conservateur New York Sun explique à ses lecteurs on a échappé au pire, puisque Nicolas Sarkozy avait envisagé de ramener Hubert Védrine au Quay d’Orsay. La nomination de Bernard Kouchner, écrit encore le Sun, c’est l’espoir que « Paris va préférer la coordination à la friction avec Washington ».
Le Los Angeles Times, lui, ne s’attend pas à ce que la nomination de Bernard Kouchner change fondamentalement la relation franco-américaine, prévoyant que Nicolas Sarkozy se charge des relations avec les Etats-Unis et laisse Kouchner s’occuper de l’ Afrique, de l’Asie et des questions humanitaires.
« Contrairement à la traditionnelle politique française gaulliste qui consiste à évaluer les crises par le prisme des intérêts nationaux français, M. Kouchner voit les choses avec une perspective humanitaire » et défend « l’interventionnisme humanitaire », écrit le New York Times. Kouchner a aussi un solide ego, explique le quotidien se souvenant que dans une interview de 2004, quand on lui avait demandé si quelqu’un pouvait battre Sarkozy, Kouchner avait répondu « moi, je crois » avant de préciser « je ne suis pas arrogant au point de dire ça sérieusement, mais je suis plus populaire qu’il ne l’est ».
Sur beaucoup de points, Kouchner est « l’opposé politique de son nouveau patron, le président Nicolas Sarkozy » : ils sont aux antipodes sur l’échiquier politique (gauche-droite), sur le soutien à la guerre en Irak (pour-contre), sur l’entrée de la Turquie (pour-contre) dans l’Europe, et sur le maintien des troupes françaises en Afghanistan (pour-contre).
Ils ont aussi des points communs. Les deux hommes sont «impatients», «décapants», et «habiles avec les médias».
Le New York Times procède au même jeu des sept erreurs en comparant le président et le premier ministre. Sarkozy et Fillon ont la cinquantaine, étudié le droit et les sciences politiques au lieu d’être allés à l’ENA et font du jogging ensemble. Mais « le président est réputé pour son énergie et son style carré, et cherche l’attention des média à chaque mouvement. M. Fillon est calme et préfère faire profil bas ».
Un tour à Cannes. L’anglais a été la langue de cinq des sept dernières palmes d’or du Festival, écrit le New York Times (avant l’attribution de la dernière dimanche), la marque d’une sélection cosmopolite plus que de l’influence d’Hollywood.
Mais le Los Angeles Times relève, lui, une nouvelle stratégie des studios américains consistant à investir localement. Exemple : le film « Après lui » de Gaël Morel avec Catherine Deneuve. Les Américains ne risquent pas de le voir en masse : « le studio (Fox Searchlight) l’a tourné en français pour les Français ». C’est une nouvelle manière de s’attaquer aux marchés étrangers alors que jusqu’à présent « le gros du mouvement de globalisation d’Hollywood consistait, pour les studios américains, à embaucher des réalisateurs étrangers chargés de faire des films en anglais, ou des productions américaines tournées au Maroc, en Hongrie, en Roumanie – ou dans n’importe quel endroit où l’histoire puisse fonctionner et la main d’œuvre soit bon marché ». Or, « comme après un régime trop radical, l’appétit étranger pour les productions américaines diminue », Par exemple, les films français ont représenté 46 % des entrées en salles en France l’an dernier, contre 35 % un an plus tôt. D’où l’idée des studios américains de répondre aux envies de production locale.
Bernard Kouchner, lui, s’exporte en anglais. Comme on l’apprend dans son portrait du New York Times, où on apprend que « sa passion et sa confiance quand il parle anglais l’aident à rattraper ses erreurs charmantes mais parfois accablantes ».