À l’occasion de l’ouverture de la Fog Fair, la Foire Internationale d’Art Contemporain de San Francisco, l’artiste française Kalie Granier inaugure, ce jeudi 19 janvier, son exposition, « Le royaume des forêts sous-marines ». La fondation d’art de Saint-Joseph accueillera son travail jusqu’au vendredi 31 mars en partenariat avec la Villa Albertine. Un lieu grandiose pour une installation unique.
« J’ai recréé une immense forêt d’algues grâce à trois ans de trésors récoltés dans mon plus proche environnement naturel », explique Kalie Granier qui vit depuis six ans à Santa Cruz, une ville côtière à une heure et demi au Sud de San Francisco. Les spécimens qu’elle revisite et expose sont des algues géantes brunes qui s’épanouissent dans les eaux froides du Pacifique et de l’Antarctique. Leur particularité ? Elles peuvent mesurer plus de 50 mètres de haut.
Kalie Granier récolte ces algues directement sur les plages près de chez elle. Échouées sur le sable, elles ont séché et sont souvent endommagées. Alors elle « les répare et les soigne ». Pour ce faire, elle les renforce avec des rubans de laine recyclés ou des chutes de tissus récupérées. Elle les pare aussi de couleurs en utilisant uniquement des pigments naturels. « La plupart des gens sont dégoûtés par les algues… Moi j’aime m’en emparer pour raconter notre société. J’espère changer la vision que le monde occidental en a et démontrer comment nous sommes tous reliés à ces êtres vivants. »
À travers sa forêt d’algues suspendue, l’artiste cherche ainsi à sensibiliser le public à la fragilité de nos éco-systèmes. « Interroger notre relation à l’océan, ramener les gens sur terre alors que certains planifient de voyager sur mars, déplacer le regard là où on ne le pose pas alors que la crise climatique exige que l’on s’y concentre », estime la jeune femme. Ces forêts de varech en déclin libèrent en effet de l’oxygène et représentent un maillon essentiel de la biodiversité. Et Kalie Granier d’ajouter : « mais qui le sait ?! Mon rôle d’artiste, c’est d’exposer ce qui est méconnu et d’aider à créer des liens. »
Kalie Granier aime se définir à la fois comme une artiste et une activiste. « Je participe à des luttes qui me tiennent à cœur avec mes propres outils, en créant des choses et en racontant des histoires ». Pour soutenir sa démarche, si elle explore différentes matières, elle passe aussi par différents médiums. Son installation à Saint Joseph s’accompagne d’ailleurs d’un film réalisé avec les scientifiques de la fondation Reefcheck : « 2 FEET ».
Au carrefour de l’art, de la science, de la poésie et de la conservation écologique, ce film raconte la relation de cinq femmes « avec le pouvoir vital de l’eau sous-marine ». Il réunit deux sujets qui animent profondément la jeune artiste : la nature et le féminisme. Deux notions qui convergent dans le collectif artistique qu’elle a co-fondé en 2019 à San Francisco : Loud Spring. Réflexions, expositions, festivals… Ce groupe promeut l’éco-feminisme et la justice sociale à travers l’art.
Kalie Granier inclut de cette façon son art en politique et met sa passion au service de ses valeurs. « C’est ça pour moi l’éco-feminisme. C’est s’élever contre le système colonial, patriarcal et capitaliste ». Très engagée, elle s’illustre dans différents combats par exemple du côté la région de Santa Cruz, auprès des populations natives locales. « J’aime tisser des relations notamment avec ceux qui habitent ces terres colonisées. J’apprends les différents versants de l’histoire locale et me place comme un élément de transmission et de partage ». Vous pourrez découvrir sa vision durant toute la durée de l’exposition.
Exposition “The Realm of Underwater Forests“, Kalie Granier, du 19 janvier au 31 mars 2023, à la Saint Joseph’s Art Society. 1401 Howard St, San Francisco, CA 94103. Informations ici.
En savoir plus : le site Internet de l’artiste