Si son nom ne vous dit surement rien, Gregg Araki est pourtant une icône pour les adeptes du cinéma indépendant américain, et ce depuis déjà plusieurs années. Sa désormais culte Teenage Apocalypse Trilogy (Totally F***ed Up, The Doom Generation, Nowhere) ou encore les plus récents Mysterious Skin et Smiley Face lui ont valu une réputation de provocateur assumé.
Premier pas vers une reconnaissance grand public, Kaboom, son dernier long métrage, faisait partie de la sélection officielle à Cannes l’année dernière. Figure du cinéma gay, Araki y a remporté la première Queer Palm de l’histoire du Festival. Un « honneur », auquel il ne s’attendait pas, mais qu’il accepte volontiers, surtout si cela peut permettre à son oeuvre de sortir de la confidentialité.
Un campus californien, un casting de jeunes acteurs prometteurs (dont la française Roxane Mesquida), une bonne dose de surnaturel et une pointe d’érotisme, c’est la recette de ce film iconoclaste mêlant science-fiction, horreur et comédie. En l’espace d’une nuit, tout va basculer pour Smith, le héros, et ses acolytes, tous aussi déjantés les uns que les autres. Victime d’un complot, cet ado en quête de son identité va se retrouver embarqué dans un délire paranoïaque mêlant rêve et réalité, et dont personne ne sortira indemne.
Avec son esthétique colorée et ses dialogues absurdes et incisifs, le monde de Kaboom s’affirme comme une échappatoire à notre réalité trop conformiste. Dans cet univers fantasmé de toute pièce par le réalisateur, la sexualité, plus que suggérée, « y est présenté comme une force positive, sans conséquence, grâce auquel les protagonistes apprennent énormément sur eux-mêmes ». Critique sociale acerbe ou utopie fantasque ? Araki ne tient pas à donner d’interprétation de son oeuvre, car comme il l’a appris en école de cinéma, il tient à chaque spectateur de voir ce qu’il veut y voir…
Et si pour les connaisseurs Kaboom rappelle indéniablement les premiers films d’Araki, ce n’est pas un hasard. C’est le pape de la provoc John Waters qui a soufflé à son ami l’idée de ce retour aux sources. Un résultat dans le plus pur style Araki, mais moins sombre, plus léger et surtout plus mature artistiquement que ses travaux précédents.
Un film « old school » qui enchantera les fans de la première heure, mais aussi les non-initiés. Plus accessible que le reste de la filmographie d’Araki, Kaboom s’avère idéal pour se familiariser à ce réalisateur incontournable du cinéma contemporain.
IFC Center, 323 Avenue of the Americas, New York, NY
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