Alix, la trentaine, est actrice. Elle partage sa vie entre Paris, où elle vit avec Antoine, et Calais où elle a décroché un rôle dans une pièce de théâtre.
C’est dans le train, filant vers la capitale pour un casting, qu’elle tombe sous le charme d’un inconnu. Il ne parle presque pas français, elle parle mal anglais, mais qu’importe. “Le projet est né d’un fantasme que j’avais, de deux inconnus dont le regard se croise dans un train et qui se désirent”, explique Jérôme Bonnell, le réalisateur du “Temps de l’aventure” (“Just a Sigh”), qui sort ce vendredi aux Etats-Unis (voir les dates et les lieux dans les informations pratiques).
Dans le train, elle entend où il se rend. Elle ira le rejoindre, juste après son audition, sans hésiter. “Elle est l’héroïne de son propre roman qu’elle écrit elle-même”, analyse Jérôme Bonnell.
Le spectateur a pourtant été témoin de la conversation pleine d’amour, la veille au soir, entre Alix (Emmanuelle Devos) et Antoine. Ce dernier est invisible. On ne le devinera seulement à travers sa voix, au téléphone, le plus souvent par le biais de sa boîte vocale. “Je ne voulais pas me positionner du côté de la morale. Dans le train, Alix obéit à une pulsion, à un état. On sait que dans la vie de couple il y a des hauts et des bas. Ça fait huit ans qu’elle est avec Antoine. Ce n’est certainement pas un couple en crise, mais il y a une sorte de mélancolie impalpable”.
Antoine, telle une ombre qui plane, agit pour Alix comme un rappel à la réalité. Comme l’exprime le réalisateur: “Elle se fait peur à elle-même”. Elle ne cessera d’essayer de le joindre comme si c’était le seul moyen de revenir sur terre, de mettre un terme à cette aventure (quelle aventure?) qui prend de plus en plus d’ampleur.
Le temps s’égrène, dans le film, lentement. Son aller-retour devait se faire dans la journée. Elle est attendue le soir, pour jouer au théâtre. Ce train qui doit la ramener à Calais, Alix ne cessera de le louper. Encore un peu. Encore un peu plus de temps avec Douglas (Gabriel Byrne), cet homme dont elle ne connaît que le nom. Le spectateur ressent l’intensité de chaque minute que les personnages ont le luxe de passer ensemble, grâce à la réalisation de Jérôme Bonnell : “J’aurais aimé faire un film en temps réel mais je sais que c’est complètement illusoire. J’ai décortiqué le temps au maximum” raconte-t-il.
Le film, à travers le personnage d’Alix, oscille constamment entre fantasme et réalité. Aux antipodes des comédies romantiques stéréotypées, le film de Jérôme Bonnell embarque le spectateur dans une aventure à la fois héroïque et humaine, emprunte d’un réalisme troublant.