La nouvelle vague d’entrepreneurs de la French Tech a bien compris que ce n’est plus à Manhattan mais à Brooklyn qu’il faut poser ses valises. Et c’est dans un espace de coworking au cœur de Gowanus que Julie Chapon, cofondatrice de Yuka, nous reçoit pour nous raconter son installation à New York avec ses deux associés pour accélérer le développement de Yuka.
Il s’agit d’un deuxième départ pour l’application qui scanne les produits alimentaires et cosmétiques. Son lancement officiel aux États-Unis date de l’été 2020. « En pleine pandémie, ce n’était pas le moment idéal pour ouvrir ce marché. L’application n’a pas réellement décollé pendant un an et demi et en janvier 2022, une vidéo virale a provoqué un énorme pic d’utilisation », raconte Julie Chapon. Un buzz qui a même fait planter l’application, ce qui n’était pas arrivé depuis ses débuts. En cause : une vidéo Tiktok, recueillant de millions de vues, dans laquelle une jeune fille scanne des produits en utilisant Yuka.
Cette vidéo est suivie par d’autres sur Tiktok, puis le bouche-à-oreille opère. Résultat : « Depuis 18 mois, les États-Unis sont notre premier marché en termes de croissance. Nous avons 500.000 nouveaux utilisateurs américains tous les mois, si bien qu’il est devenu notre deuxième marché derrière la France », explique l’entrepreneure. 10 millions d’utilisateurs (contre 20 millions dans l’Hexagone), c’est un bon début, mais le réservoir est immense sur le marché américain. Ce marché est d’ailleurs particulier car 75 % des utilisateurs scannent des produits cosmétiques, alors qu’en Europe, 75 % sont dédiés à des produits alimentaires. Les Américains ont aussi plus de propension à acheter la version premium de l’application, même si cela reste minoritaire (moins de 1 %). Reste à déclencher un dernier levier selon la fondatrice : les retombées médias.
C’est la raison pour laquelle Julie Chapon et ses associés, Benoît et François Martin, ont décidé de s’installer à New York avec leur famille fin septembre. Ils ont fait un choix peu anodin, celui de vivre dans la même grande maison à 6 adultes et 5 enfants, au sud de Prospect Park à Brooklyn. « Nous sommes très complémentaires et nous aimons travailler en trio, d’où la décision de partir ensemble. Et nous avons fait un choix économique avec la location d’une seule maison pour nous tous. C’est une nouvelle aventure à la fois professionnelle et humaine qui s’annonce pour nous », sourit-elle.
Une chose est sûre, Julie Chapon et ses associés ont subi la pire météo de fin septembre pour leurs premiers jours à New York. Une installation « sportive », selon ses mots. Elle est en particulier déroutée par les courses au supermarché : « J’ai eu du mal à trouver des yaourts sans sucre ajouté pour mes enfants. Je manque de repères par rapport à la France et ce n’est pas encore évident pour moi de faire mes courses, j’y passe un temps fou à scruter la composition de tous les produits ».
Mais la jeune femme est ravie de repartir à zéro aux États-Unis, même avec la traction que connaît Yuka dans le pays. « C’est chouette de recommencer à pitcher son projet, on ne le faisait plus en France car on n’a plus vraiment d’enjeu de notoriété pour Yuka. On retrouve l’excitation des débuts ». Elle a prévu de faire ce qu’elle n’a pas fait depuis longtemps : exposer au salon Great Food Expo dans le New Jersey, mais aussi distribuer des flyers dans les supermarchés, comme au démarrage de l’application.
Côté médias, elle a engagé l’agence de relations presse Kalamari pour se faire mieux connaître auprès des médias américains. Le trio n’en a pas oublié les neuf salariés restés en France : chacun peut venir à New York pendant un mois – trois d’entre eux arrivent d’ailleurs ce mois-ci. En tout état de cause, les fondateurs n’ont pas prévu de rester aux États-Unis sur le long terme, probablement un an ou un peu plus. Avant de revenir en Europe, les trois associés comptent constituer une équipe solide pour lui confier le marché américain, si prometteur pour Yuka.