Un livre de 500 pages n’était peut-être pas assez, alors elle en a écrit un deuxième. Julia Malye publie La Louisiane (Stock) en français et Pelican Girls (HarperCollins) en anglais pour les États-Unis. L’histoire est la même : celle de ces oubliées de La Salpêtrière, à Paris, ces 90 femmes enrôlées au XVIIIe siècle à bord d’un bateau, la Baleine, pour venir peupler, et repeupler, la Louisiane alors française. Le récit diffère un peu malgré tout.
Julia Malye a commencé par écrire la version en anglais lors de sa bourse d’études aux États-Unis. Elle s’est ensuite attelé à la mouture française, qui constitue bien plus qu’une simple traduction. Elle sera à Albertine (New York) ce mercredi 6 mars (6pm) pour en parler (RSVP ici), ainsi qu’à Montréal le 13 mars (6pm à la Librairie Gallimard), Washington D.C. le 14 mars (6:30pm à Bonjour Books DC, tickets ici), et La Nouvelle-Orléans les 19 (6pm à Garden District Book Shop) et 23 mars (11:30am puis 2:30pm au Tennessee Williams & New Orleans Literary Festival).
« Quand j’ai commencé à m’intéresser à cette histoire, j’enseignais en anglais et mes premiers lecteurs étaient américains, raconte-t-elle. Écrire dans une autre langue m’a toujours attirée. On se met en danger, on n’écrit pas pareil. Les deux livres sont un peu différents. Je ne raconte pas les choses de la même manière. » Notamment parce que les deux langues ne s’utilisent pas de la même façon. « L’anglais supporte beaucoup mieux la répétition, estime-t-elle. De la même manière, les descriptions des mouvements du corps passe beaucoup mieux en anglais. En français, c’est tout de suite beaucoup plus lourd. »
À 30 ans, Julia Malye en est déjà à son quatrième roman. Le premier (La fiancée de Tocqueville), elle l’a écrit à 15 ans. La Louisiane constitue en France un des événements du printemps littéraire. Ce projet lui a pris plusieurs années, au cours desquelles elle a poussé le souci de vérification très loin. « J’ai commencé par contacter l’un des descendants de ces femmes, qui avait auto-publié un ouvrage mentionnant la liste entière des passagères du bateau, leur nom, prénom, âge, raconte Julia Malye. Pour certaines, il avait même recueilli quelques informations et rédigé une petite biographie. J’avais l’impression de lire des avis de personnes portées disparues. »
L’écrivaine entre aussi en contact le chef actuel de la nation Nachez, cette population autochtone au cœur des conquêtes de territoire du XVIIIe siècle dans cette partie de la Louisiane très fertile, sur les rives du Mississippi. Elle visite un bateau amarré au Havre, un jour où elle enseigne à proximité, pour davantage de sincérité et coller au maximum au réel. Elle vérifie également ses informations à Tulane, l’université de La Nouvelle-Orléans et dans des archives de la ville.
Pendant des mois, elle donne vie à une grande fresque en mettant l’accent sur trois personnages, trois de ces femmes emmenées de gré ou de force dans un pays qui n’était pas le leur. « C’est un roman sur la survie, explique Julia Malye. On y rencontre des coups bas et des histoires d’amour. J’ai réinventé ces personnages pour imaginer ce qu’est être une femme en Louisiane au XVIIIe siècle. » Le résultat est tellement réussi que les droits du livre ont déjà été achetés pour une série. Impossible pour l’heure d’en savoir plus. Ni sur la société qui a acquis les droits, ni le pays de sortie. Ni, non plus, lequel des deux livres a le plus séduit les producteurs.
Publié le mars 2024. Mis à jour le 12 mars 2024.
Julia Malye présentera La Louisiane (en français) et Pelican Girls (en anglais) chez Albertine à New York le mercredi 6 mars (RSVP ici), à Bonjour Books DC à Washington le 14 mars (billets ici), et à La Nouvelle-Orléans les 19 (Garden District Book Shop) et 23 mars (Tennessee Williams & New Orleans Literary Festival).