JR, “photograffeur” français de renommée internationale, a inauguré jeudi 23 mai, sa première installation digitale d’envergure au Musée d’Art Moderne de San Francisco, SFMOMA.
Son nom ? “The Chronicles of San Francisco”. De quoi s’agit-il ? D’une fresque murale géante animée. “C’est la première fois que je crée un mural à l’échelle d’une ville » confie JR. Cet assemblage vidéo de près de 30 mètres rassemble des centaines d’habitants photographiés et filmés par l’artiste. Des personnalités, des anonymes, des sans-abris, des sportifs, des enfants, des musiciens, des drag-queens, des hommes, des femmes… autant de San Franciscain(e)s qui font battre le cœur de la ville.
Cette œuvre d’art – visible un an, dans la Roberts Family Gallery (partie gratuite du musée) – est l’aboutissement d’un travail entamé en 2018. Durant deux mois, JR a sillonné les quartiers de San Francisco dans un camion transformé en studio photo. Il a posé ses objectifs et caméras avec l’envie de capturer l’âme multi-facettes de la cité. De refléter sa diversité et ses paradoxes : « c’est une ville riche en contrastes, entre innovations à la pointe et taux d’enfants à la rue le plus élevé du pays. J’y ai senti une liberté et une vitalité réelles, toiles de fond idéales pour mon projet » explique-t-il.
Son idée : créer une image de la société « ni bonne, ni mauvaise », juste un miroir de l’actualité d’une époque. Plus de 1.200 personnes se sont fait tirer le portrait et ont répondu à ses questions. Le montage final projeté au SFMOMA n’en est qu’une portion. Un assemblage minutieux. « Tout le monde a la même taille. Personne n’est plus important. Ce qui compte, c’est ce que chacun exprime dans sa représentation » précise JR. Et Neal Benezra, le commissaire de l’exposition, d’ajouter : « c’est un spectacle populaire, une fresque panoramique des spécificités de notre extraordinaire ville ».
En plus de la fresque digitale, des kiosques permettent d’écouter les interviews de chacune des personnes représentées. À travers cette installation interactive, JR explore la ville dans la lignée des peintures murales engagées de Diego Rivera, célèbre peintre mexicain. « On a reconstruit la société, des plus pauvres aux plus riches. C’est un travail inclusif qui a le même pouvoir que les peintures murales de Diego Rivera, mais adapté à aujourd’hui ! » explique JR. Un concept qui a séduit Neal Benezra : « le projet de JR s’inscrit dans cette tradition des peintures démocratiques, faites pour le public. Il amène l’art de la rue au musée, on est fier de l’accueillir ! ».
Toute la vision de JR est là: mettre l’art à la vue de tous, la communauté au centre de son inspiration et l’humain au cœur de son travail. Né en France en 1983, JR s’est fait connaître par ses tags sur les immeubles parisiens, puis s’est illustré avec des collages photos à grande échelle dans le monde entier et des œuvres comme Les Bosquets (mêlant danse, musique et photos dans un quartier de banlieue parisienne). Nominé aux Oscars en 2018 pour son documentaire Visages, Villages (co-réalisé avec Agnès Varda), il est cité par le Time comme l’une des 100 personnalités les plus influentes. Ses “Chroniques de San Francisco” sont incontournables.