JR est à San Francisco et cela sera difficile de le louper. Jusqu’au 11 février, l’artiste sillonnera différents quartiers de San Francisco à bord d’un semi-remorque blanc dont la carlingue est recouverte de l’image d’un individu qui semble la déchirer. On aperçoit ses mains et une partie de son visage avec deux gros yeux.
Mercredi, au troisième jour de cette virée ethnographique baptisée “The San Francisco Mural Project”, le “photograffeur” français était dans le quartier ultra-tech de SoMa, où AirBnb et Uber cotoîent des centaines de sans-abris.
C’est ce fossé saisissant entre deux mondes que JR veut mettre en lumière à travers des portraits photo et vidéo. « Nous allons à la rencontre des habitants de chaque quartier pour qu’ils racontent leur San Francisco à eux. Ce qu’ils aiment, ce qui les révolte… », explique l’artiste, entre deux prises de vue à bord de son camion.
En avril 2017, l’artiste a signé une fresque de 36 mètres de long et 4 mètres de haut, représentant les 800 habitants des quartiers de Clichy-Montfermeil, épicentre des émeutes de 2005 en France. Il a choisi San Francisco pour le chapitre 2 de ce projet « parce qu’ici aussi, ça crise…»
Posté derrière la caméra, JR tente de capturer les visages et les maux de San Francisco. « Depuis le début, nous avons eu une centaine de personnes, comme ce surfeur venu avec sa planche ou encore ce sans-abri avec son verre à la main… », poursuit-il alors qu’une danseuse étoile s’apprête à poser devant le fond vert du studio mobile.
Il faudra six mois de post-production avant que le portrait collectif de San Francisco ne voie le jour. Il s’agira d’une fresque de la même dimension que celle installée à Montfermeil. Pour des questions de résistance au temps, le support sera différent. « Nous pensons à de la mosaïque ou bien du vitrail et nous aimerions l’installer dans un parc de la ville, précise Maud Malfettes, directrice de production des projets de JR. Les chroniques vidéo, elles, seront sans doute projetées dans un musée. À voir… »