Il y a ceux qui l’ont montrée, d’autres non. Depuis quelques jours, le débat autour de la publication ou la diffusion de la couverture du dernier Charlie Hedbo fait rage aux Etats-Unis. Voici les médias qui ont décidé de ne pas la montrer. Et pourquoi.
7. CNN
Concernant ce choix éditorial, les journalistes de CNN se sont expliqués dans un enregistrement audio. “CNN ne vous montrera pas la nouvelle couverture, qui représente le prophète Mahomet, parce que notre politique est de ne pas montrer des images potentiellement offensantes sur le prophète” . La chaine s’est donc contentée d’une photo où un homme accroche une pancarte en hommage aux dessinateurs tués pendant l’attentat.
6. NBC News
La chaîne NBC News s’est aussi contentée de décrire la couverture du dernier Charlie Hebdo, “un dessin du prophète Mahomet (…) qui risque bien sûr d’énerver encore plus les fondamentalistes musulmans” . Si sur vos écrans vous n’avez pas eu le droit à un aperçu de ce “Mahomet aux yeux exorbités” , c’est, selon les dires de la présentatrice de MSNBC Rachel Maddow, que “NBC News ne nous a pas autorisés à vous la montrer” . La journaliste a ajouté : “nous opérons selon les règles de NBC News” , “c’est pour cela que je vous décris la couverture plutôt que de vous la montrer” . La chaîne quant à elle dit ne pas vouloir “d’offenser les musulmans” .
5. Mashable
Le magazine a préféré afficher une photo d’un mur où sont placardés des hommages aux victimes de l’attentat plutôt que la couverture. Il ne s’est pas exprimé sur les raisons de ce choix, mais a tout de même consacré un article entier à une censure identique ordonnée par une Cour turque, un brin étonné que cela soit possible “dans un pays officiellement laïc” .
4. NPR
La radio publique NPR a décidé, pour faire taire les curieux, de consacrer un article à l’explication de son choix éditorial. Le journaliste commence par y décrire les dessins qui seraient à l’origine de la colère des assaillants le 7 janvier dernier. Il rappelle ensuite que, selon lui, “ce n’est pas parce que des images offensantes font partie de l’histoire qu’un média doit les publier ou les poster dans ses reportages” . Il poursuit : “dans ce cas, poster juste les couvertures (…) pourrait s’avérer fallacieux” et “pourrait laisser croire aux lecteurs que Charlie Hebdo est juste un peu plus nerveux que les autres publications satyriques” . Or, selon NPR, l’intérieur du journal prouverait que cela n’est pas le cas. Il évoque notamment à ce propos des dessins du prophète, nu. Chez NPR, rappelle Mark Memmott, “la politique sur le ‘langage potentiellement offensant’ s’applique aussi aux images postées en ligne“. Normal, selon lui, pour un “une société médiatique responsable” .
3. New York Times
Le New York Times a lui aussi fait le choix de ne pas publier la couverture du dernier Charlie Hebdo, lui préférant une photo des rédacteurs du journal réfugiés dans les locaux de Libération. Le directeur du quotidien, Dean Baquet, s’est expliqué : selon lui, rien ne sera publié qui soit “destiné à délibérément heurter les sensibilités religieuses” . Selon eux, la description fournie de la “Une” aura été suffisante pour informer les lecteurs. Le quotidien a aussi mis un lien hypetexte vers la “Une” .
2. Fox News
Si les “Unes” vertes sont bel et bien diffusées dans les reportages vidéos de la chaîne, son site internet, lui, semble ne pas faire pareil. En effet, la couverture n’apparait pas dans son intégralité dans les articles du site.
1. Associated Press
De son côté, l’agence de presse américaine Associated Press a écrit un article expliquant pourquoi la Une de toutes les discordes n’apparaîtrait pas sur son site. Déjà il y a quelques années, la société avait fait le choix de ne pas montrer les couvertures de Charlie Hebdo se moquant du prophète Mahomet. “Bien que nous relayions beaucoup de photos qui soient politiquement ou socialement provocantes, explique l’agence, il y a des zones aux limites des discours haineux dont nous nous méfions” . L’explication se poursuit : “cette politique est conforme à notre approche du reportage, dans lesquels nous évitons les injures raciales, religieuses ou sexuelles” . Ils admettent se limiter à de brèves descriptions de la “Une” , malgré le fait que celle-ci, ne nient-ils pas, soit au coeur de l’actualité. Pour l’agence de presse, cette décision n’aurait rien à voir avec une éventuelle auto-censure, dans la mesure où de telles images “peuvent aisément être trouvées par quiconque le veut” .