Du beau monde se pressait ce samedi soir à La Venue, entrepôt reculé de Chelsea à quelques encablures de la High Line où avait lieu le défilé de Joseph Altuzarra, styliste français basé à New York. La présentation de sa collection pour l’automne-hiver 2012-2013 était attendue au tournant. En novembre dernier, le jeune designer décrochait le CFDA Vogue Fashion Fund 2011, une bourse d’une valeur de 300 000 dollars, décernée par la Chambre syndicale de la mode américaine (CFDA) et le magazine Vogue américain. Ce prix prestigieux ayant pour but d’encourager la jeune création est présidé par un jury composé entre autres d’Anna Wintour, la rédactrice en chef du Vogue américain, de la créatrice de mode Diane von Furstenberg ou encore de Lazaro Hernandez et Jack McCollough, le duo à la tête du label américain Proenza Schouler, eux-mêmes lauréats en 2004.
Un joli coup de pouce financier
Si cette récompense est une belle reconnaissance du milieu de la mode, elle est aussi un joli coup de pouce financier pour le créateur né en France il y a 27 ans qui, après avoir suivi des cours d’Art et d’Histoire au Swarthmore College de Philadelphie avec un intérêt poussé pour la mode et l’architecture, décide de partir tenter sa chance dans la Grosse Pomme. Il y fait ses premières classes auprès de grands noms de l’industrie fashion US comme Marc Jacobs et Proenza Schouler. En octobre 2006, il retourne à Paris, engagé chez Givenchy par Riccardo Tisci en tant qu’assistant styliste, il y développe sa passion pour le “tailoring” avant de décider, en 2008, de développer sa propre ligne de l’autre côté de l’Atlantique. Joseph Altuzarra se dit influencé par Tom Ford et Helmut Lang, il décrit ses créations comme étant « le mélange d’un certain héritage de sa culture française et de l’énergie qui émane de New York », sa ville d’adoption.
Gitanes et “Belle de Jour”
Joseph Altuzarra n’a que quelques collections de prêt-à-porter à son actif mais son aura s’amplifie de saison en saison. Les créations présentées pour l’hiver prochain démontrent son perfectionnement stylistique et révèlent son héritage métissé (son père est français et sa mère est américaine d’origine chinoise). La femme d’Altuzarra pour l’hiver prochain est une femme nomade qui ne connait pas les frontières. Dans une ambiance intimiste de souk marocain, au rythme de tambours et sur la voix envoûtante de la chanteuse icelandaise Björk, défilent des robes de gitanes brodées de sequins portées avec de cuissardes aux talons aiguilles vertigineux. Parmi cette avalanche de motifs chamoirés aux influences ethniques diverses – on devine l’Italie, l’Inde, la Mongolie – s’immiscent de petites robes noires à la coupe structurée et à l’allure parisienne façon « Belle de Jour » ainsi que des parkas sombres style militaire – certaines rehaussées de fourrure – assorties à des pantalons droits, des blazers en velours combinés à des jupes crayon, ou encore des pulls en laine aux motifs seventies. Cette collection tout à la fois simple et sophistiquée mêle l’allure « techno-chic » propre au styliste à un look plus casual destiné à la femme urbaine, « combiner audace et portabilité » voilà le pari ambitieux d’Altuzarra. A voir le public conquis par sa collection présentée ce samedi soir devant un parterre de personnalités et de journalistes, son challenge semble réussi, on prédit un bel avenir à ce jeune talent aux influences stylistiques métissées.