Pendant des mois, Jon Bonné a enfilé des bottes en caoutchouc et arpenté les vignes françaises. Cet Américain, connu dans le monde de la gastronomie pour avoir écrit plusieurs ouvrages sur le vin et pour diriger, en qualité de rédacteur en chef, la plateforme Resy, en a tiré un livre, une imposante somme en deux volumes de plusieurs centaines de pages : « The New French Wine » (Penguin Random House, non traduit). La traduction se passe de commentaire et elle dit bien ce que Jon Bonné a trouvé lors de ses multiples voyages en France : une nouvelle façon d’envisager la viticulture et la façon de boire le vin.
« Je pensais que ce serait un petit projet, raconte-t-il. Mais une fois que j’ai commencé à visiter les régions, j’ai réalisé que le changement se produisait absolument partout en France. Le vin est aujourd’hui radicalement différent de ce qu’il était il y a 30 ans. Pour le mieux. » Selon lui, les vignerons français ont opéré un virage vers la recherche de la qualité plutôt que de la quantité. Il en résulte des vins qui expriment davantage le terroir. « La culture a évolué vers des vins qui consacrent ce que la France sait faire de mieux : des vins exceptionnellement bons », constate-t-il.
Son livre emmène le lecteur dans un voyage à travers les vignobles français. De région en région, on va à la rencontre de ces producteurs, historiques et nouveaux venus, qui contribuent à la richesse de la production. « Je ne pensais pas rendre visite à autant de producteurs, confie l’auteur. J’en évoque 830 dans le livre, je suis allé rendre visite à la plupart d’entre-eux. Je suis resté en France pendant près de la moitié de chacune de ces quatre ou cinq dernières années. »
Son français est impeccable et lui a permis d’échanger avec les producteurs sur la façon de faire le vin aujourd’hui. Un vin avec moins d’ajouts, qui exprime davantage la personnalité de chaque vigneron. « Il rappelle aux Américains à quel point ils aiment le vin français, estime-t-il. Et la France en général. Partout où je vais pour promouvoir le livre, les Américains ont une connexion émotionnelle avec les vins français. Les Américains adorent le champagne, ils adorent le Bourgogne, ils adorent même le Bordeaux mais ils l’ont oublié ! »
Jon Bonné estime que la relation entre la France et les États-Unis s’est encore davantage renforcée dernièrement. « Il y a une renaissance de la cuisine française, et des restaurants français, aux États-Unis, aujourd’hui, affirme-t-il. Sans manquer de respect à qui que ce soit, on sort de 50 ans de goût immodéré pour tout ce qui était italien aux États-Unis. C’est agréable de se rendre compte que les gens aiment toujours manger et boire français. »
Pendant longtemps, le vin français a été vu aux États-Unis à travers le regard de Robert Parker, ce critique en œnologie qui a fait référence par son classement sans concession. Les vins costauds, boisés, attiraient davantage ses faveurs. Ce n’est plus forcément toujours le cas. « Je pense que ce goût s’est éteint avec la Grande Récession, la crise financière de 2008, argue Jon Bonné. Les Américains sont tellement plus curieux aujourd’hui. Ils veulent du vin qui ressemble à du vin, et pas à du bois ou du sucre. Ils veulent davantage de clarté, ce qui ne veut pas nécessairement dire plus léger. La diversité est bien plus grande aujourd’hui qu’il y a 20 ans. » Une richesse qu’il s’attaque à démontrer tout au long des centaines de pages (près de 900 en deux volumes) de son livre.