«C’est ici que ma vie a failli s’arrêter et c’est ici que ce soir ma vie recommence». Après deux ans d’absence, Johnny Hallyday a fait hier un come-back magistral, rempli d’émotion, sur la scène de l’Orpheum Theater de Los Angeles. Tel un phénix renaissant de ses cendres, après une grave hospitalisation à l’hôpital Cedars Sinai en décembre 2009 où il avait failli perdre la vie, le « taulier » de 69 ans a donné tout ce qu’il avait à ses quelques 2000 fans émus et surexcités.
Sur le trottoir, à l’entrée du théâtre, de nombreux Français expatriés, mais aussi plusieurs centaines de fans qui ont fait spécialement le déplacement jusqu’à Los Angeles, pour assister au retour de leur idole. Dans la foule, on aperçoit plusieurs sosies de Johnny, teinture blonde, perfectos et petits boucs soignés. «Je connais même des Américains qui viennent le voir ce soir, alors qu’ils ne connaissent pas une seule de ses chansons : en fait, ils l’ont découvert dans le film L’Homme du Train, et depuis sont en totale admiration», raconte un jeune homme, dans la file d’attente. Dans les couloirs de l’Orpheum, une magnifique salle art déco des années 20, les célébrités et VIPs ont, eux aussi, répondu présents : du réalisateur Mathieu Demy à Hélène Ségara, en passant par Vanessa Paradis, Matthieu Kassowitz ou encore Lucien Gainsbourg, fils de Serge. David Martinon, consul de France à Los Angeles sur le départ, avait même, pour l’occasion, tombé la cravate et enfilé une petite veste en cuir décontractée.
La salle entière debout sur “Que je t’aime”
20h30. La salle électrisée, qui vient d’apercevoir Laetitia et ses filles au balcon, se met à réclamer le rocker. Quelques minutes plus tard, son ombre gigantesque apparaît sur grand écran. Après un petit clip biographique l’élevant au rang de super héros « né en 1943, dans la France sous occupation nazie», le rideau se lève, et Johnny tout de cuir vêtu, accompagné de ses musiciens et de ses trois choristes américaines voluptueuses, ouvre le concert, à plein volume, avec « Allumer le Feu ». Même les lustres au plafond, se mettent à trembler.
Comparé aux moyens techniques des méga-concerts type Stade de France, ceux de l’Orpheum sont limités : les amplis et les spotlights vont donc fonctionner au maximum de leur capacité pendant deux heures d’un concert endiablé où Johnny enchaîne essentiellement ses plus grands tubes qui ont le moins vieilli : de « Gabrielle » au vibrant « Que je t’aime » ou toute la salle est debout, en passant par « Quoi ma Gueule », « L’envie » ou encore « Quelque chose de Tennessee ».
Lors d’une partie plus acoustique et nostalgique, entouré de quelques guitares sèches, d’une contrebasse et d’un harmonica, le voilà qui revisite superbement « L’idole des Jeunes ». Dans la salle, les baby boomers, ex-fans de Salut les Copains, en ont presque la larme à l’oeil. Puis, il reprend I’m Gonna Sit Right Down And Cry, une chanson de son idole Elvis Presley, qui lui a « donné l’envie de faire de la musique ».
“Je ne vois plus la vie de la même façon”
Après le spectacle, en conférence de presse, l’idole des jeunes s’irrite facilement lorsqu’on lui parle de son âge et se refuse même à parler de politique et de son redressement fiscal de 9 millions d’euros. « C’est vraiment le moment ? Je viens juste de revenir sur scène ! On ne peut pas parler un peu de musique pour changer ? », s’agace-t-il. Le chanteur a confirmé être « en pleine forme. Je fais davantage de sport, je me nourris mieux et je mène une vie plus régulière qu’à une certaine époque », a-t-il expliqué. « Depuis mon accident où j’ai failli y rester, je ne vois plus la vie de la même façon». Mais la retraite, ce n’est pas pour lui. « Je connais des gens qui en un an de retraite, en ont pris 10. Quand on est dans la musique, la retraite, ça n’existe pas».
Même si le concert de Los Angeles marque le début de la grande tournée internationale qui le mènera cette année en France, en Russie, au Royaume-Uni ou encore en Israël, il n’en est pas vraiment représentatif. « Ici, il s’agissait plutôt d’un spectacle de fin de répétition, d’un show-case rock’n roll », explique-t-il. Le chanteur, qui vit à Los Angeles et a récemment décliné de prendre la nationalité américaine, reprendra sa tournée, dans l’hexagone, à Montpellier, le 14 mai prochain : « Je suis impatient et très heureux de retrouver la France ».