“John Doe” ou “Jane Doe” sont les anonymes les plus célèbres des Etats-Unis. Leurs noms sont utilisés pour qualifier les personnes non-identifiées, comme “Monsieur Durand” ou “Monsieur X” en France. D’où viennent-ils? C’est notre question bête de la semaine.
C’est en 1768, en droit commun anglais, que le nom fait son apparition. C’est le juriste anglais Sir William Blackstone qui l’utilise dans Commentaries on the laws of England. Mais l’expression est sans doute plus ancienne. Paul Dickson dans son livre What’s In A Name? explique que “l’usage de John Doe date du règne du roi britannique Edouard III, d’un débat juridique appelé “the Act of Ejectment”“.
“John Doe” était en réalité un nom inventé par les propriétaires terriens souhaitant faire expulser des squatteurs ou des preneurs de bail peu scrupuleux. Afin d’établir qu’ils étaient bien les propriétaires de la terre disputée, ils préféraient se présenter en justice en se posant comme les expulsés sous le nom de “John Doe” (alors que les accusés étaient nommés “Richard Roe”). L’instruction permettait ultérieurement d’établir qu’ils étaient bien les propriétaires du bien, ce qui les aidait par la suite à faire expulser leur locataire. Pourquoi cette ruse? Cette technique était plus rapide et simple que la procédure d’expulsion traditionnelle.
Leur utilisation vient vraisemblablement du fait que “Doe” et “Roe” désignaient des animaux particulièrement répandus au XIVe siècle en Grande-Bretagne, en l’occurrence la biche et le chevreuil. John était alors le prénom le plus utilisé.
En 1852, John Doe a été utilisé en Amérique du Nord pour désigner “tout homme dont le nom n’est pas connu” alors que la Grande-Bretagne tend à en conserver l’usage juridique pour désigner le plaignant. Aux Etats-Unis, « Roe » apparait d’ailleurs dans l’arrêt fondateur de la cour suprême « Roe vs Wade ».