C’est un chapitre de plus de vingt ans qui se ferme pour l’International High School (IHS) de San Francisco : son proviseur, Joël Cohen, a remis ses derniers diplômes à la promo 2022, avant de quitter San Francisco pour s’installer à Pune, en Inde, où il dirigera l’International Mahindra School. IHS, aussi connue sous le nom de Lycée International Franco-Américain, est un établissement indépendant, qui offre un cursus français et un cursus international (IB). Arrivé en 1999 en Californie pour enseigner la chimie à IHS, Joël Cohen a progressivement gravi les échelons, dirigeant le département de sciences, puis occupant le poste de proviseur adjoint, avant de prendre la direction du lycée en 2013.
« Tout est parti d’une candidature spontanée pour enseigner aux États-Unis, raconte-t-il. J’étais depuis dix ans professeur de maths et de physique en ZEP à Sarcelles, et même si je rêvais de partir à l’étranger, ce n’est qu’à l’avènement d’Internet que les candidatures sont devenues plus faciles. Fort d’une éducation bilingue grâce à ma mère anglaise, j’ai été retenu par le Lycée franco-américain de San Francisco (NDLR, l’autre dénomination de IHS) pour enseigner la physique-chimie et les maths en collège et au lycée, dans les deux langues. »
Au bout de deux ans, on lui confie l’enseignement de la chimie pour la section IB (International Baccalaureate), une expérience qui l’a particulièrement marqué, ainsi que les plafonds du lycée : « J’étais connu pour réaliser les meilleures explosions ! Les traces de sodium au plafond des labos de chimie peuvent en témoigner. C’est ma manière de laisser une empreinte indélébile même après mon départ ! »
La poursuite de sa carrière dans l’administration du lycée franco-américain de San Francisco est un heureux concours de circonstances : le poste de proviseur adjoint, puis de proviseur s’est libéré, et Joël Cohen a arrêté d’enseigner pour se consacrer aux programmes et aux équipes pédagogiques qui font la renommée de l’établissement. De ces huit années passées à la tête du LIFA, il est particulièrement fier d’avoir adopté la pédagogie inversée et d’avoir généralisé l’utilisation de l’iPad en classe. La pédagogie inversée consiste à faire les leçons à la maison et faire les devoirs en classe, afin de favoriser plus d’interactions entre les élèves et les enseignants. « J’ai toujours adoré la technologie et l’innovation. Elles nous permettent d’individualiser l’enseignement, et de ne pas brider les élèves : ils ont un potentiel énorme et il est de notre responsabilité de les stimuler et continuer à développer ce potentiel. »
Autre changement promu par Joël Cohen : des notes fondées sur l’acquisition de compétences. « Avec ce système, on ne peut plus enlever des points si le devoir est rendu en retard par exemple. Si un élève obtenait un C en maths, on ne savait pas si cette note tenait au niveau de l’élève ou ses retards répétés… La recherche a montré que la punition ne fonctionne pas, alors autant favoriser un système qui valide l’acquisition de compétences. » Il parle d’ailleurs avec admiration des élèves de l’établissement qui s’expriment en public avec aisance et confiance : « En plus d’un curriculum académique exigeant, on leur apprend à être sur scène, à faire du sport en équipe, et tout cela leur apprend à être responsables, à développer leur esprit d’équipe et leur leadership. »
Lui-même s’est prêté au jeu pendant tout son séjour californien en montant un groupe de musique au sein de l’école : « J’ai joué sur scène à chaque remise de diplômes. La musique permet de créer un sentiment de communauté très fort. Nous sommes d’ailleurs la seule école de San Francisco qui débute ses portes ouvertes par de la musique, interprétée par les enseignants et les élèves. »
À l’entendre parler de son expérience à IHS, on peut se demander ce qui a motivé le départ de Joël Cohen, mais également de son épouse Marion, enseignante d’éducation physique et sportive au primaire, et de leurs deux enfants, scolarisés dans l’établissement. « Quand je suis arrivé à San Francisco en 1999, j’étais persuadé que j’allais parcourir le monde. J’ai passé vingt ans à me dire que j’allais bouger et à chaque fois, des opportunités se sont présentées à moi ici, et puis la région est tellement agréable. Il y a un an, on s’est décidé à partir car notre aîné finissait le collège cette année. »
Joël Cohen laisse les rênes de IHS et de ses 400 élèves à Allegra Molineaux, qui était jusqu’à présent proviseure d’un lycée indépendant de Californie du Sud.