“Moi, petit garçon du ch’nord bercé par les westerns, je ne pensais pas y arriver un jour“. Bruno Monteuuis a réalisé son rêve d’enfant. Ce Français de 54 ans a ouvert en 2012 Jetalena Ranch, un ranch situé à Gleeson en Arizona. “Nous sommes sur le territoire historique des cowboys, à côté de Tombstone, une ville rendue célèbre pour le règlement de compte d’OK Corral. La région a également servi de décor à de nombreux films comme Geronimo ou El Dorado avec John Wayne”.
Originaire du Nord de la France, Bruno Monteuuis a grandi dans une famille d’éleveurs de chevaux, mais ses parents l’ont découragé à suivre la même voie qu’eux. “Ils me disaient que c’était une profession à risque, où il est dur de gagner sa vie“, confie-t-il. Le Français se lance très jeune dans une carrière de négociant en bois, qui l’amène à faire “pas mal d’argent“. A 31 ans, il est rattrapé par la fièvre équestre et ouvre son premier ranch à Saint-Léonard-des-Bois, dans la Sartre. “J’ai lancé une activité d’élevage et de dressage. J’avais 27 chevaux”, explique-t-il.
A la tête de sa première entreprise, le Français se passionne pour le débourrage (ndlr: l’éducation du poulain), au point de lancer sa propre méthode “horse feeling”. “Elle repose sur l’étude du cheval dans son milieu naturel. En gros, je murmure à l’oreille des chevaux. Je suis un peu Robert Redford, mais sans la mèche (rires)”.
En 2007, alors que son activité “marche très bien“, les Etats-Unis sont frappées par la crise des subprimes. “Les prix de l’immobilier ont chuté. Je cherchais alors plutôt une maison de vacances. Mais quand je suis venu sur place, je suis tombé amoureux de la région et du ranch”. Bruno Monteuuis fait alors plusieurs allers-retours en Arizona, ramène des clients potentiels “pour voir si le projet était viable“, avant de finalement acheter le ranch en 2012.
Aujourd’hui, Jetalena peut accueillir jusqu’à 10 personnes en pension complète et dispose d’une dizaine de chevaux de races américaines (Quarter horse, Paint horse, Appaloosa). “Les clients arrivent à Tucson la veille. Je leur réserve une chambre d’hôtel pour qu’is se reposent puis vais les chercher le lendemain matin. On commence par faire du shopping pour s’équiper et avoir le “look cowboy”, puis on fait du tourisme dans le coin. Je les emmène dans un saloon historique, visiter une superbe mission catholique du XVIIIème siècle et se balader dans des paysages grandioses de westerns. On ne se met en selle que le lendemain”.
Bruno Monteuuis a imaginé une vingtaine de parcours de randonnées différents. Il balade en général ses convives sur dix à quinze jours, sur un rythme “trois jours à cheval, un jour de repos”. Sa clientèle? “Beaucoup de Français, de Suisses, de Belges, et de plus en plus de Québécois depuis un an”. Bruno Monteuuis trouve presque tous ses clients via Facebook, où le Français a créé une page avec des photos attirantes. Son site internet prend le relais. “Le milieu équestre est un petit milieu, ça fonctionne ensuite au bouche-à-oreille”.
Heureux dans sa campagne arizonienne, Bruno Monteuuis ne s’imagine pas rentrer un jour en France. “J’arrive à la banque à cheval avec mon chapeau. C’est le style de vie dont j’ai toujours rêvé”. Actuellement en visa E2, le Français brigue un visa O1, pour espérer un jour obtenir la carte verte. “C’est le cheval qui m’a ouvert les portes des USA. Les gens d’ici ont reconnu mon savoir et m’ont accueilli comme l’un des leurs. Ça a facilité mon intégration”.