Elle est incontournable dans les médias français en ce moment, et sa guerre contre le sucre suscite une vive controverse. Jessie Inchauspé, une biochimiste française qui s’est fait connaître sous le surnom de Glucose Goddess (déesse du glucose), vient de publier son deuxième livre, « The Glucose Goddess Method », un guide de quatre semaines en quatre étapes et plus d’une centaine de recettes pour réduire ses pics de glucose, et les fringales qui les suivent généralement. Cet ouvrage fait suite au premier qu’elle a publié l’an dernier sur le sujet, « Glucose Revolution », qui a été traduit dans 40 langues et vendu à près d’1 million d’exemplaires. La jeune femme de 30 ans, qui compte près de 2 millions de followers sur Instagram, publie du contenu et des conseils sur un sujet qui a le vent en poupe, et qui est le fruit d’une expérience très personnelle.
À 19 ans, Jessie Inchauspé saute d’une cascade en vacances et se casse le dos. Elle subit alors une lourde opération et garde d’importantes séquelles de cet accident : fortes douleurs, dépression et même des moments de dissociation. « J’ai alors réalisé que mon état s’aggravait dès lors que j’ingérais du sucre et que mon corps connaissait un pic de glycémie, explique-t-elle. Les symptômes varient d’une personne à l’autre, mais nous sommes nombreux à les ressentir ». À savoir : fatigue chronique, fringales, inflammation, vieillissement prématuré, brouillard mental, et une addiction au sucre. Elle décide donc de mieux comprendre son corps et son fonctionnement, et d’analyser son alimentation.
Avec l’aide d’un capteur de glucose, elle se lance dans des recherches et expériences et les publie sur les réseaux sociaux à partir de 2019, sous le surnom Glucose Goddess. Le postulat est simple : il est possible de réduire les pics de glucose, et donc ses effets indésirables sur notre corps, en adaptant notre alimentation mais aussi l’ordre dans lequel nous mangeons certains aliments. C’est la règle principale que préconise Glucose Goddess : commencer son repas par les légumes, qui apportent des fibres et recouvrent les intestins, puis les protéines et les matières grasses pour ralentir le transit, et enfin les sucres et l’amidon en dernier, qui sont ainsi moins absorbés et sur une plus longue durée.
Son cheval de bataille ? Le petit-déjeuner, qui doit toujours être salé pour éviter à tout prix de saturer son corps de sucre dès le réveil. À bannir donc le croissant, la tartine de confiture et le verre de jus d’orange, si chers aux Français. Elle préconise plutôt des aliments comme omelette, avocat, jambon, yaourt grec et purée de noix etc. Mais aussi une cuillère de vinaigre de cidre avant le repas pour ralentir la transformation de sucres et féculents en glucose, et donc de réduire jusqu’à 30% le fameux pic qui s’ensuit.
Pour cette Française qui a fait ses études de biochimie à la Georgetown University et partage désormais sa vie entre New York (Chelsea) et Paris, ses compatriotes sont pourtant des bons élèves de la Glucose Revolution. « Les Français ont fait la connexion entre mes principes et les traditions culturelles, nous avons par exemple l’habitude des crudités en entrée. Ils ont compris que cela était du bons sens, appuyé par des études », juge Jessie Inchauspé. À l’inverse, le sujet est plus nouveau chez les Américains. « L’industrie alimentaire est plus compliquée aux États-Unis et les gens ont besoin de plus de repères, ajoute-t-elle, si bien que mes conseils sont accueillis avec beaucoup d’enthousiasme. »
Pourtant, cette « révolution » n’en est pas vraiment une, selon certains médecins qui jugent la méthode spéculative car elle n’est pas fondée sur de véritables études scientifiques, réalisées sur un groupe. Une partie du corps médical fait valoir qu’il existe des facteurs non alimentaires, par exemple liés à l’humeur ou au stress, qui peuvent faire varier la glycémie. Même chose pour le rapport entre sucre et perturbations hormonales ou vieillissement de la peau, qui n’ont pas fait l’objet d’études comparatives à long terme. Réduire l’ingestion de sucre est certes une bonne idée car pour le digérer, le corps sécrète de l’insuline, qui entraîne parfois une baisse soudaine de la glycémie, ce qui se manifeste des coups de fatigue ou des sensations de fringales. D’où l’intérêt aussi de manger des sucres lents plutôt que rapides, mais ce n’est pas une nouveauté, jugent les détracteurs de la méthode.
Jessie Inchauspé met quant à elle en valeur son apport pédagogique. « J’aimerais que chaque médecin utilise mes principes et graphiques pour aider les patients à comprendre les principes de nutrition ». Et veut continuer à évangéliser. « J’ai envie de continuer à publier du contenu dans d’autres formats. J’ai en vue des projets vidéos pour continuer à vulgariser cette science. »