L’animateur et producteur de télévision Jérémy Michalak, installé depuis 2020 à Los Angeles, vient de conclure le tournage du quatrième épisode de sa série documentaire aux côtés de Lucie Carrasco, styliste française diagnostiquée d’une amyotrophie spinale, une maladie génétique dégénérative qui l’oblige à se déplacer en fauteuil.
Tourné en Californie du Sud, le film, qui devrait être diffusé l’été prochain sur France 5, embarque le duo pour un grand tour entre Los Angeles, la région viticole de Temecula Valley, le lac salé de Salton Sea, Slab City, Bombay Beach et la région de Big Bear. « Un voyage épique, raconte Jérémy Michalak, où l’idée première est de bousculer les clichés sur le handicap, de faire fi des à priori, d’envoyer un message positif. Lucie est un personnage drôle, téméraire, aventurière et attachante. Et notre envie commune était bien de montrer que le handicap n’est pas uniquement pénible au quotidien. »
Cinquième road-movie après la traversée de New-York-Los-Angeles, le Japon, le Brésil et le Canada, la nouvelle aventure réussit parfaitement le pari de la dédramatisation, « en partie grâce à nos deux personnalités, poursuit le réalisateur. Nous avons eu à cœur d’être politiquement incorrect, de se parler cash comme deux potes, de s’envoyer des vannes, d’être sincères et authentiques, bref d’être au même niveau. En créant des filtres, on enlève toujours de la saveur aux rencontres. »
Dans cet épisode californien, le duo part aussi à la rencontre de personnages qui émaillent leur voyage, « vous rencontrerez Tracy, une californienne de 64 ans, fan de hip-hop, scotchée à son fauteuil car souffrant d’une sclérose en plaque mais galvanisée par une énergie incroyable, n’hésitant pas à affronter le skate park de Venice, aux côtés des meilleurs et avouant à tout le monde, que son handicap est la meilleure chose qui lui soit arrivée. Une façon d’ouvrir de nouvelles perspectives sur le sujet… ».
7 ans après la diffusion du premier numéro, Jérémy Michalak avait œuvré pendant 4 années avant de voir son projet finalement produit (le premier en 2015). « À l’époque, je produisais « Les anges » et « Allô Nabilla », et c’est Lucie qui est venue à moi pour me parler de son projet de l’accompagner dans son voyage aux États-Unis. J’ai mis du temps à décrocher mon téléphone, découvrir le personnage, son discours anti-ghetto et anti-communautariste autour du handicap. Le feeling est tout de suite passé, mais les chaînes de télé, le service public compris, ont toutes refusé. Un docu sur les fauteuils roulants risquait de ne pas faire d’audience, me disait-on. “Et puis il y a déjà le Téléthon”. C’est finalement Richard Lenormand, alors PDG du pôle radio et télé du groupe Lagardère, qui co-financera avec moi le premier projet. »
Présenté début octobre aux élèves du Lycée Français de Los Angeles et du LILA (International School of Los Angeles), l’épisode tourné au Canada, « Lucie au pays des caribous » a permis de sensibiliser les plus jeunes aux problématiques du handicap. « Partir à leur rencontre permet de donner du sens à notre projet, conclue Jérémy Michalak. Cela permet de vieillir moins con. À la question d’un enfant demandant à Lucie si elle préférait marcher ou rester dans un fauteuil, la réponse de Lucie, bouleversante et étonnante, résume l’état d’esprit de notre collaboration : “Je n’ai jamais marché, je ne sais pas ce que c’est. Ce que je sais en revanche, c’est que mon fauteuil me rend singulière et différente. C’est mon super pouvoir. Nous avons tous en nous un super pouvoir”. »