« J’ai voulu rendre l’imperfection admirable » assure Jean-Paul Gaultier, venu présenter “The fashion world of Jean-Paul Gaultier”, l’exposition que lui consacre le Brooklyn Museum à partir du 25 octobre.
En 140 pièces phares, elle raconte une mode « sans tabou ni limite où n’importe quelle taille, couleur de peau ou sexe est le bienvenu », explique Thierry-Maxime Loriot, son commissaire. C’est sans doute le message social le plus fort de cette exposition généreuse qui célèbre la femme sous toutes ses formes. Il y a, bien sûr, Madonna et ses seins coniques devenus icône d’une culture pop populaire; la robe froufrouteuse aux imprimés camouflage portée par l’héroïne de “Sex in the City” Sarah-Jessica Parker; Beth Ditto, chanteuse aux formes voluptueuses, et Stella Ellis, un mannequin version grande taille. Mais aussi un corset en satin rose pour homme et les fameuses marinières unisexe de la collection « ze parisienne ». En filigrane : l’envie de provoquer, de s’amuser et de résister aux diktats de la mode sur papier glacé.
Inquiet à l’idée de voir une exposition statufier son travail, le créateur a posé une condition : qu’il s’agisse d’un spectacle vivant qui offre une seconde vie à ses vêtements hors des podiums. La scénographie imaginée par Thierry-Maxime Loriot et Nathalie Bondil, à l’origine de cette exposition au musée des Beaux-Arts de Montréal, est unique et ludique : des mannequins sur lesquels sont projetés des visages animés accueillent le visiteur en récitant de la poésie et du Roland Barthes dans le texte. Les croquis de travail, les publicités pour parfums, et les photos des plus grands noms tels que Paolo Roversi, Richard Avedon, Jean-Baptiste Mondiano et Peter Lindbergh complètent cette exposition qui salue le bouillonnement créatif de cet « enfant terrible ».
« Est-il encore un symbole de la culture française ? » s’interroge le directeur de l’exposition Arnold L. Lehman qui trouve Jean-Paul Gaultier justement « très Brooklyn ». La symbiose est parfaite entre un quartier réputé pour être un laboratoire des nouvelles tendances et celui qui se revendique transgenre et transculturel.
« J’ai fait de la mode pour être aimé. En la partageant avec vous à travers cette exposition j’espère l’être encore plus » s’amuse-t-il. Déjà vue par 970 000 spectateurs à travers le monde, l’exposition est assurée d’atteindre son millionième visiteur au Brooklyn Museum. Jean-Paul Gaultier peut souffler.
Credit photo: Guerin Charles/ABACAUSA.COM