Jean-Michel Giraud est un idéaliste. “Mon espoir, c’est d’essayer de faire du bien tous les jours”, affirme le président-directeur général de Friendship Place. L’association d’aide au sans-abrisme a reçu depuis 2017 plusieurs donations d’Amazon, dont une d’un million de dollars, dans le cadre d’un partenariat ayant pour objectif de réduire le sans-abrisme. Une première pour cette association régionale. Reconnue aux Etats-Unis pour ses solutions pratiques et fonctionnelles pour combattre le sans-abrisme dans la région de Washington, Friendship Place a aidé 3.700 personnes à retrouver un domicile, un emploi, ou autres formes d’assistance sur l’année 2018. À la tête de l’association depuis 2006, Jean-Michel Giraud a vécu 40 ans au cœur du monde humanitaire américain.
Originaire d’un petit village de l’Isère, il a découvert les Etats-Unis à l’aube de ses 18 ans, lors d’un voyage pour rendre visite à son frère. “J’ai vécu dans le centre de San Francisco. À l’époque, on y louait des hôtels à la semaine, raconte le Français qui se destinait à une carrière de professeur de langues. Je suis rentré en France, mais j’avais déjà prévu de repartir. Même à cet âge-là, j’ai tout de suite réalisé que les Etats-Unis représenteraient beaucoup plus qu’un voyage. J’ai ressenti que ma culture était ici”.
Influencé par le changement culturel et social qui grondait dans les rues de San Francisco dans les années 1970, l’étudiant trilingue décide de rester dans son pays d’adoption. “Je suis LGBT, et ce qui se passait en Californie à ce moment-là a tout changé pour moi. Je suis resté avant de partir en Nouvelle-Angleterre où j’ai vécu plus de dix ans”. Exposé très vite à l’humanitaire, il travaille alors dans plusieurs associations à but non-lucratif pour des handicapés mentaux.
Une association connue dans l’ensemble des Etats-Unis
Après avoir dirigé plusieurs résidences psychiatriques dans le Maryland, il rejoint Friendship Place en 2006. Réalisant que de nombreuses personnes en accoutumances étaient laissées de côté, le nouveau PDG décide de mettre en place le projet “Neighbors First”. L’idée: proposer un logement à tous, sans différencier les individus en situation de dépendance et ceux qui ne le sont pas. Très vite, l’association est connue dans l’ensemble du pays.
Jean-Michel Giraud et ses équipes lancent alors de nombreux programmes qui améliorent considérablement la situation des sans-abris à Washington. Suite à la crise financière de 2009, l’association créée un programme de placement sur le marché du travail. “Nous partons du principe que tout le monde a une aptitude qui leur permet de trouver un emploi. On s’est aperçu que c’était très valorisant, très motivant”, explique le Français. C’est grâce à ce programme que Friendship Place a été contacté par le géant Amazon. L’association propose également un programme pour les vétérans et les jeunes et a mis en place des consultations psychiatriques au centre d’accueil. En plus de ses équipes, Friendship Place travaille également avec une cinquantaine de bénévoles.
Jean-Michel Giraud sait que le combat sera long. “Je pense qu’après l’élection de Donald Trump, il y a eu cette poussée vers le racisme pour certains, mais il y a aussi eu de nombreuses réactions contre le racisme et les attaques contre les personnes LGBT. Cela se passe souvent aux Etats-Unis, il y a un sens de justice”, espère-t-il. En tout cas, l’ancien Isérois n’abandonnera pas. “Ce domaine me permet de faire quelque chose qui ajoute du sens à la vie : aider les autres. Si j’étais resté en France, je serais sûrement devenu professeur de langues. Ici, j’ai pu faire d’autres choses, j’ai eu un choix”.