Derrière son regard espiègle et son sourire timide se cache un redoutable compétiteur. A tout jute 11 ans, Jean Darbo ne mesure pas sa combativité quand il s’agit de natation. “J’aime que le gagnant soit celui qui arrive le premier, et non comme en gymnastique où il est départagé par des points.” Et le jeune Franco-Kazakhe l’a démontré lors de la Far West International Championship à Roseville -du 7 au 11 août dernier-, une compétition qui rassemble les meilleurs jeunes nageurs de treize comtés de Californie.
Il a réalisé un meilleur temps au 100 m papillon (1’9″00) que Clark Kent Apuada (1’9”38). Ce dernier avait fait la Une des médias américains deux semaines plus tôt en battant à Moraga (Californie) le record établi en 1995, au même âge et dans les mêmes lieux, par un certain Michael Phelps, le sportif américain le plus médaillé des Jeux olympiques.
Depuis, ses camarades du club de Vision Swim à Sherman Oaks le surnomment “Batman” -le concurrent de Superman. “Il y a eu un emballement médiatique autour de cette histoire”, avoue Igor Darbo, son père producteur de cinéma, très fier. Il rappelle que son fils “a gagné cinq autres médailles d’or dans les relais. Et ce n’est que la deuxième année qu’il participe à cette compétition.”
Enchaînant six entraînements hebdomadaires, à raison de deux heures par séance, le collégien veut aller toujours plus loin, toujours plus vite. Participer aux Jeux Olympiques de Paris en 2024 ? Ce n’est pas suffisant. “Je veux les gagner sous les couleurs françaises, argue-t-il dans un français timide, et faire mieux que Mehdy Metella, arrivé sixième à Rio.” Le nageur français, qui est comme Jean Darbo un spécialiste du 100 m papillon, est son modèle.
Une famille de globe-trotteurs
Né en Chine, où il a appris ses premiers mouvements de natation à 3 ans, il a vécu au Costa Rica avant que ses parents (sa mère était diplomate à l’ONU) ne choisissent de déménager à Los Angeles en 2015 pour se lancer dans l’industrie cinématographique.
Quel que soit le lieu, ses parents remarquent que leur fiston n’aime pas le foot, comme eux. “Il a toujours été à l’aise dans l’eau, même les ondulations du papillon lui sont venues très vite, se souvient Igor Darbo. Dès l’âge de 5 ans, il réclamait de faire des courses mais il était trop jeune. Il a fallu attendre ses 7 ans.” Soutien indéfectible de son fils, le producteur reste tout de même prudent et veut que Jean conserve une vie “normale“, réussisse sa scolarité. “Il est d’ailleurs dans l’académie de mathématiques, une option.” Pas de quoi calmer les ardeurs du jeune nageur qui aspire à s’entraîner toujours plus, voire s’améliorer dans d’autres nages comme la brasse qu’il juge “très esthétique”. “Tu dois énormément travailler si tu veux devenir professionnel”, assure le jeune champion.
Pour cela, la famille saisit toutes les opportunités. L’an dernier, le collégien a suivi un stage près de Narbonne avec l’un des assistants de Philippe Lucas, l’ancien mentor de Laure Manaudou.
En attendant, il continue de s’entraîner dans son club, non loin de son collège à Sherman Oaks. L’air strict, mais le regard sympathique, le coach Harris fait travailler le jeune Français sur la technique. Il avoue admirer “la coordination des mouvements” de son poulain, “très mature pour son âge”. “La question n’est pas de savoir s’il attendra les nationales et les JO, mais de savoir à quel âge.”