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«Je ne serais pas arrivée là si…» : six figures féminines fortes mises en scène à SF et LA

par

Hélène Labriet-Gross

-

24 février 2022

Agenda

Du 3 mars 2022

Au 5 mars 2022

« Je ne serais pas arrivée là si... »

Lieu

Théâtre Erick Moreau

Adresse

1201 Ortega street San Francisco CA, 94122

Prix

$40-50

Virginie Despentes, Christiane Taubira, Gisèle Halimi, Françoise Héritier, Nina Bouraoui et Amélie Nothomb…Ecrivaines, politiques, avocates, elles sont toutes des figures féminines fortes, que l’on croit bien connaître, mais est-ce si vrai ? Annick Cojean, grande reporter au Monde, leur a toutes proposé d’éclairer cette part d’intime qui a propulsé leur destinée, et façonné leurs parcours, en complétant cette accroche : « Je ne serais pas arrivée là si… »

Des dizaines d’entretiens qu’elle a réalisés dans le cadre de cette rubrique hebdomadaire, la journaliste en a retenu une trentaine qui ont fait l’objet d’un livre éponyme, sorti en 2018. Judith Henry a choisi d’adapter sur scène cinq de ces portraits, auxquels s’ajoute une interview de Gisèle Halimi. Cette adaptation sera présentée aux États-Unis pour la première fois le 3 mars au Théâtre Erick Moreau à San Francisco, et le 5 mars au Théâtre Raymond Kabbaz à Los Angeles. Judith Henry et Julie Gayet interpréteront les textes, accompagnées par Annick Cojean pour qui la Californie représente un rêve de petite fille : « Que mon travail devienne un livre, c’est formidable, car ces textes s’inscrivent dans une durée. Que ces textes deviennent un spectacle, c’est dingue, et qu’il soit présenté à San Francisco et Los Angeles, c’est encore plus fou », nous confie la journaliste. Judith Henry, qui a déjà joué aux États-Unis, ne cache pas son émotion : « Je suis très fière de faire traverser l’Atlantique à ces femmes. »

Un message universel et intemporel

L’idée d’adapter ces textes sur scène est née d’une rencontre entre Annick Cojean et Judith Henry, lors d’un festival de lecture en Bretagne. « Annick jouait son propre rôle de journaliste, et je lisais les textes qu’elle a tirés de ses entretiens. J’ai trouvé que les histoires étaient formidables, et les réactions du public, qui nous confiait à quel point ces textes leur faisait du bien, m’ont poussée à en adapter certains. »

Derrière les mots de chacune de ces femmes, il y a en effet l’espoir de transmettre un message, de donner des clefs à ceux et celles qui les écoutent. « Je crois beaucoup a ces cheminements de vie qui peuvent aider et ouvrir les esprits. La vie peut être un boulevard, ou un chemin escarpé, et ces femmes peuvent agir comme un phare qui éclaire une route parfois incertaine », souligne Annick Cojean. La journaliste espère que ces textes, écrits et sur scène, s’inscrivent dans une universalité et intemporalité qui leur permettra de rester d’actualité pendant des années. C’est d’ailleurs dans cette optique que Judith Henry a sélectionné les textes qu’elle souhaitait présenter sur scène : « C’est important de choisir des femmes connues de tous, afin de rendre le spectacle abordable. Elles évoquent le racisme, les violences, l’homophobie, le viol, des sujets qui sont toujours d’actualité. Le combat de Gisèle Halimi pour les femmes continue encore aujourd’hui, car il est sans cesse violenté, remis en question et on doit le défendre en permanence », souligne la metteuse en scène.

Des combats plus que jamais d’actualité

Annick Cojean rappelle que la révolte de Gisèle Halimi contre les inégalités subies par les femmes remontent à la plus tendre enfance de l’avocate : elle avait eu le malheur de naître fille dans une famille qui ne voulait que des garçons. « La petite fille qui ne trouvait pas cela juste à 4 ans était toujours révoltée à 92 ans. Les femmes lui doivent beaucoup… » Loin de la chasse au scoop, la journaliste se montre particulièrement attentive à ce qui pourrait la faire dévier d’un chemin attendu, à la surprise qui lui donnera une clef de compréhension qui pourra aider le lecteur. « Christiane Taubira, sous des apparences de femme toujours combattive, révèle une fêlure intérieure causée par les incessantes attaques racistes et sexistes dont elle faisait l’objet lorsqu’elle était ministre de la Justice. Virginie Despentes a brièvement évoqué sa sexualité, dont elle avait déjà parlé dans ses livres, mais identifie surtout son rapport à l’alcool comme élément fondateur de son parcours. »

Pour l’accompagner sur scène, Judith Henry a choisi l’actrice Julie Gayet, qui s’est imposée pour le rôle comme une évidence. « Je voulais trouver une comédienne sensible aux causes décrites par ces femmes, et qui connaisse le travail d’Annick Cojean. Lors d’une soirée caritative organisée par la Fondation des femmes, j’ai eu un réel coup de coeur pour Julie, qui est d’ailleurs très active au sein de cette organisation. »

Ravie de ce choix d’actrice, Annick Cojean ne cache pas l’émotion qui l’envahit quand elle entend ses textes sur scène. « Après l’interview, je réécris beaucoup le texte, car d’une parole, je veux faire un objet littéraire vivant, dans lequel on reconnaît un grain de voix, un voile dans le regard, un frémissement dans la voix. Je passe un temps déraisonnable à changer une virgule, un adjectif pour atteindre ce but, et ce retour à l’oralité est un grand plaisir. » À Los Angeles, le spectacle sera suivi d’une session de questions-réponses avec Annick Cojean, animée par Patt Morrison, journaliste au Los Angeles Times.

Encensé par la critique en France, « Je ne serais pas arrivée là si… » porte un message d’espoir et de courage pour toutes les femmes et jeunes filles, qui se reconnaîtront sans doute dans ces parcours, ces combats et ces victoires.

L’auteur.e

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