« Je suis complètement à court d’excuses, je n’ai plus le choix, il va falloir y aller ». Il se tient en face de moi, les épaules voûtées, le regard résigné, prêt à monter à l’échafaud.
Jean est perdu, comme au premier jour de notre collaboration, il y a quatre mois. Il était venu me voir pour que je l’accompagne dans sa nouvelle aventure, un business de produits de beauté qu’il lance avec un ami. Notre collaboration a été un succès, il n’a plus besoin de mes services, il sait tirer parti des outils que l’on a découverts ensemble. J’essaie de le secouer, de rire même de son nouveau dilemme, mais je réalise très vite que c’est plus sérieux que cela en a l’air. Il n’est pas retourné en France depuis des années et la perspective de se retrouver là-bas, en famille cet été, le paralyse.
Je le connais bien, il a non seulement besoin d’être écouté, il lui faut aussi être entendu. Je le laisse parler en le recentrant de temps en temps s’il se noie dans ses propres mots. Un coach ne doit pas se laisser embarquer dans l’histoire de son client. Ce n’est pas ce qu’il dit qui est important, mais ce qu’il ne dit pas. « J’ai toujours réussi à trouver un prétexte pour ne pas revenir. Cinq ans de suite, je suis assez fier de moi ».
Il fait le malin, je ne réagis pas. « Cette fois-ci, mes deux nièces, Alice et Anne, ont décidé de se marier le même jour. Je les adore et je ne peux pas dire non ». Quel est le problème ? Jean aimerait passer seulement quelques jours, mais sa proche famille insiste pour qu’il reste une semaine de plus. « Pour eux, c’est le retour de l’enfant prodige. Ils ne savent pas la moitié de ma vie, ce que je suis devenu et qui je suis réellement ».
Il faut savoir l’écouter sans jugement, juste par curiosité, pour l’aider à discerner où le bât blesse vraiment. Le laisser déblatérer contre le pays qui l’a vu naître fait partie du processus. « La mentalité des gens est étriquée, rien ne bouge, les politiciens sont les mêmes que lorsque j’avais dix ans. Être en France, c’est comme être dans un musée ». Quoi d’autre ? Plus il vide son sac, plus il s’aperçoit qu’a force de se mentir, il a oublié les vraies raisons de son isolement familial qui aujourd’hui l’empêche d’avancer. « Les grèves de métro, la taille des voitures, les vestes de couleurs pour les hommes, le manque de déodorant et leur façon de parler, près de vous et en murmurant, m’agacent au plus haut point ». Ces détails ne sont que la résultante de son vrai dilemme. « Oui, tu as raison Nicolas. Ce sont des broutilles qui m’ont toujours ennuyées, même lorsque je vivais, heureux, à Paris ».
Je lui demande de réfléchir plus profondément sur la vraie source de son dégoût. Le but est d’étirer son cerveau, de lui faire voir d’autres limites, de lui éclaircir le chemin. Il prend son temps et respire un grand coup. « Là-bas, ce n’est plus chez moi alors qu’en vrai, ça l’est ». Ah enfin, nous y voilà !
« C’est dans mes gènes, je le sens bien. Je suis Français même si après quinze ans passés ici, je me considère Américain ». Je le laisse apprécier cette re-découverte de lui, puis romps le silence qui s’est installé entre nous pour lui demander quel serait le scénario idéal. « Être bien et arrêter de me poser ces questions stupides ». Et encore ? « Faire la paix, aimer où je vis et aimer d’où je viens ». Il n’a aucune idée comment y parvenir. S’il a osé se lancer dans la création de sa propre entreprise, c’est parce qu’il est arrivé à débloquer des freins qu’il trimballait depuis toujours. Il y a bien un ingrédient qu’il a utilisé à l’époque dont il peut se servir maintenant ? « L’honnêteté ». Tiens, je ne m’attendais pas à ça. Qu’il s’explique. « Je reporte la faute sur tout et tout le monde au lieu de me regarder dans la glace. Concernant mon travail, j’ai eu le courage avec ton aide de faire face à mes peurs, à mon talent et à mes envies. Je ne me suis plus caché, ce fut mon coming out professionnel ».
Manu est en plein coaching, c’est lui qui a ouvert les vannes. Je m’y engouffre, sans pudeur. De quoi te caches-tu ? « Je suis parti pour leur prouver que je pouvais le faire. Je crois bien que j’ai attendu tout ce temps car je voulais être sur de leur montrer quelqu’un à l’opposé de celui qu’ils connaissent ». Tu ne peux pas continuer comme cela, quelles sont tes options ? « Je n’en ai qu’une. Ne plus prétendre ».
Jean vient de saisir qu’il ne peut se sentir à l’aise chez lui, là-bas, de l’autre côté de l’Atlantique, que s’il se sent à l’aise avec lui-même, ici. Les autres n’ont rien à voir dans son histoire. L’expert de sa vie, c’est lui. Il nous a fallu quelques séances pour mettre à plat les vérités qu’il camouflait sous des allures de fils indigne et désabusé. Ils ne savent pas grand-chose de lui car il ne leur a rien dit, sur ses doutes du début, ses nuits blanches, ses espoirs et ses succès. « Ce n’est pas très sympa de ma part de leur reprocher de ne pas me connaître ». Ont-ils envie d’en savoir plus sur toi ? Il en est certain. Qu’est-ce qui t’en empêche alors ? « Rien, vraiment rien. Quel temps de perdu ! J’ai envie de partager avec eux ce que j’ai vécu et ce que je deviens. Leur tourner le dos n’a fait qu’empirer les choses. C’est à moi de leur faire face. S’ils le prennent bien, tant mieux. Dans le cas contraire, tant pis pour eux ». Le ton de sa voix est légèrement dramatique. Il y a quelque chose qu’il ne veut pas me dire. C’est mon rôle de le pousser jusqu’au bout de son raisonnement pour que je puisse lui confirmer plus tard s’il a atteint pleinement son but. « Mon partenaire dans le business est aussi mon partenaire dans la vie. ».
Lorsque j’ai revu Jean, il était tout bronzé. « Nous avons rajouté une semaine de plus à notre séjour tellement c’était bien ». Nous ? Et oui, il est bien parti en France accompagné de Robin, son petit copain depuis trois ans. Généralement, la réponse à ce qui nous bloque dans une situation donnée n’est pas celle dont on se gargarise encore et encore. Elle est souvent juste au bout de notre nez. Jean vient d’en faire l’expérience. « Maintenant, chez moi c’est non seulement chez moi, mais c’est aussi chez lui. Et ça, ça change tout ! ».
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0 Responses
Il aura bien raison de dire qu’en FRANCE qu’il ne se sent plus chez lui, la FRANCE devenant la “Poubelle” du Monde et malheureusement n’étant plus la plus belle du Monde !
Ridicule… on peut aussi objectivement ne pas aimer certaines choses de ce pays. Quoi, la France est si extraordinaire que ne pas s’y sentir chez soi est forcément le signe d’un malaise personnel ?!
Allez vivre ailleurs quelques années et revenez faire la comparaison avant d’écrire ces inepties.
qu’il fasse un tour au congo il comprendra que la France est un paradis pour d’autres
J’ai vécu au US, pendant dix ans, et je suis revenus en France, Il m’a fallu plus de 20 ans avant d’avoir les moyen de m’expatrier a nouveau. Je réside maintenant en Amérique Latine, et je m’y sens plus chez moi qu’en France. La seule chose que j’ai en commun avec les Français, c’est la langue, et mon gout pour la bonne bouffe.
Oui je suis français, les français on une bonne image a l’extérieur.
Je reviens en France une fois ou deux fois par an, c’est a chaque fois un voyage, dans un pays que je ne considere pas comme etant le mien, je vais en France, je ne vais pas chez moi en France. Je n’ai rien en commun avec les français de France.
Nicolas je suis interloquee, vous etes un life coach et vous demandez un tarif que je qualifierai d’eleve… Ceci dit nulle part n’ai je vu votre background comme on dit ici ou diplomes et etudes si vous preferez. Qu’est ce qu’un life coach et qui etes vous, comment pouvez vous justifier vos tarifs sachant que n’importe quelles bonnes copines ou copains auraient pu donner vos reponses gratuitement and out of love ?
Ca fait 25 ans que j’ai quitte la France et chaque fois que j’y retourne, c’est pour des vacances, pas pour “rentrer chez moi” parce que chez moi est ici maintenant. Plus on reste eloigne de son pays d’origine, plus il est difficile de s’y reinserrer et de s’y sentir bien. En fait, nous devenons des gens qui sont entre 2 pays: ici, nous serons toujours consideres comme francais vivant ici, en France, nous sommes devenus les”americains” qui ont des habitudes bien differentes que celles qu’ils avaient avant quand ils habitaient en France. La vie de mes amis et ma famille a change depuis que je suis partie, ma vie aussi a change, mais nos vies ne sont plus paralelles, elles n’ont pas change dans le meme mileu culturel. Et la culture, au sens anglais, explique beaucoup de comportements. Il faut savoir accepter sa condition d’etre entre 2 pays et de savoir profiter de ce que les 2 pays ont a offrir de mieux.