Yacine Boulares s’installe à la table du café de l’Andaz. Un grand sourire illumine alors son visage. “Je viens tout juste d’apprendre que je pars en tournée au Japon en septembre aux côtés du pianiste Senri Oe ,” explique, pétillant, le musicien franco-tunisien. Les deux amis de la New School for Jazz & Contemporary Music de New York viennent d’enregistrer un album de jazz ensemble.
Le saxophoniste d’une trentaine d’années est le fondateur du groupe Afro Groove Collective qui se produira en concert le 19 juillet à Nublu et le 28 juillet à Arlene’s Grocery. Leur musique, basée sur des créations originales du Français, associe à la fois rythmes de danses africaines et sonorités pop, nu-soul ou encore jazz contemporain. La musicalité s’enrichit de la diversité culturelle de ce groupe dont les membres viennent des quatre coins du globe : Etats-Unis, Mali, Cameroun, Allemagne et bien d’autres.
Atteint d’une méningite, Yacine Boulares laisse de côté ses études de philosophie pour emprunter une nouvelle voie, celle du saxophone. “J’ai passé, à cette époque, plusieurs étés à New York où j’ai découvert la culture du Jazz, du swing, des standards et des comédies de Broadway“, raconte-t-il. Le musicien nourrit alors le fantasme de devenir lui aussi joueur de jazz et décroche une bourse pour étudier à la New School. Il se souvient alors avoir joué dans la rue, dans le métro, “une expérience que je renouvellerai volontiers”, affirme l’artiste.
C’est à cette période que Yacine Boulares rencontre “l’incroyable batteur” Jojo Kuo ainsi que les autres musiciens africains qui jouent à New York, “parce qu’ils parlaient français“, sourit-il. Quand Jojo Kuo a quitté la ville en 2011, il a encouragé Yacine Boulares à créer son propre groupe à partir du sien. Le jeune Français a donc continué l’aventure avec le bassiste, le percussionniste et le même objectif : faire danser les foules. Afro Groove Collective voit le jour à l’été 2012.
L’artiste aux multiples talents – en plus du chant il maîtrise le saxophone, la flûte, la clarinette et la piano – a trouvé à New York une plus grande liberté d’identité qu’à Paris : ” Il n’y a pas de guerre d’étiquette ici, la diversité est mieux acceptée. Tu peux être qui tu veux, quand tu veux.” Yacine Boulares a toutefois été refroidi par la difficulté d’intégrer le milieu très fermé du jazz new-yorkais. “Je joue moins de jazz que je ne le pensais parce que la ville est surpeuplée de musiciens incroyables, c’est un enfer”, avoue-t-il. Il regrette aussi que, malgré la solidarité, de grands jazzmen soient obligés de survivre dans un pays où les musiciens sont bien moins protégés qu’en France.
L’été s’annonce chargé pour le saxophoniste : de nombreux concerts sont prévus avec Afro Collective Jazz ainsi qu’avec un groupe haïtien dans les Caraïbes et au Canada. Le reste du temps, vous pouvez trouver Yacine dans l’un de ses repaires : Zinc Bar, Fat Cat, Smalls, Nublu ou encore Shrine.
Crédit : ONDINE SIMON
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“Un bien pour un mal” , telle est la leçon de cette histoire. Ne pouvant plus continuer ses études, ce jeune homme ne s’est pas désespéré et est parti à la découverte d’une passion: jouer du saxo et développer des capacités musicales grâce à son courage et des rencontres qui l’ont aidé. Longue vie à lui et à son art.