“C’est bizarre de faire voyager Serge dans un pays où il n’est jamais venu“, soupire Jane Birkin. L’artiste chantera Gainsbourg le 1er février au Carnegie Hall. Une ville où habite sa fille Charlotte et ses petits-enfants, mais que son pygmalion, Serge Gainsbourg, ne connaissait pas.
Au Carnegie Hall, la chanteuse interprétera son dernier album “Le Symphonique”. Vingt-deux titres mythiques de Serge Gainsbourg, accompagnés de l’orchestre philharmonique de New York, sous la direction de Nobuyuki Nakajima. Pas de quoi impressionner Jane Birkin: “On me dit souvent que j’ai une petite voix mais je trouve que je chante mieux aujourd’hui qu’avant! Je chante avec plus d’assurance. Serge ne voulait pas que je chante fort, il voulait que ce soit murmuré près du micro comme lui“, se souvient celle qui a partagé la vie de Serge Gainsbourg pendant douze années. “Avec Le Symphonique, on entend bien les paroles. Les arrangements le permettent, grâce à des passages au piano ou à la harpe“.
Cela faisait cinq ans que Jane Birkin avait délaissé la chanson à cause d’une leucémie qu’elle a combattue pendant un an et demi. Ce combat est venu s’ajouter à la mort de sa fille aînée, Kate, en 2013. Un deuil longtemps impossible à faire. “Je suis restée deux ans enfermée à la maison. C’était un trou noir“, confie la chanteuse. Un jour, Philippe Lerichomme, ancien directeur artistique de Serge Gainsbourg lui a proposé de lire sur scène certains de ses textes. “Je me suis rendue compte que ça faisait du bien de sortir“. C’est au cours d’une tournée à Montréal avec ces textes que l’idée de chanter du Gainsbourg avec un orchestre symphonique est née.
“Il aurait adoré cet accompagnement! Je pense qu’il aurait été désarmé”, confie Jane Birkin. Serge Gainsbourg a été influencé par la musique classique. Dans “Baby Alone in Babylone”, interprété par Jane Birkin, on retrouve ainsi un mouvement de la Symphonie n°3 de Brahms. Dans “Poupée de cire, Poupée de son”, écrite et interprétée par France Gall pour l’Eurovision 1965, on retrouve un mouvement de la sonate pour piano n°1 de Beethoven.
Jane Birkin a retrouvé la joie de vivre avec ce projet symphonique. La chanteuse âgée de 71 ans rayonne dès qu’elle parle du disque et de la tournée internationale qui accompagne sa sortie. Si elle a laissé Philippe Lerichomme choisir les chansons pour l’album, elle a personnellement insisté pour qu'”Une chose entre autres” soit au répertoire du “Symphonique”. La chanteuse entonne naturellement les premières strophes: “Une chose entre autres que tu ne sais pas, tu as eu plus qu’un autre le meilleur de moi“. Celle qui a eu un coup de foudre pour Serge Gainsbourg en 1968 sur un tournage de film et qui est restée sa muse après leur séparation lui doit tout. “De mes 20 ans jusqu’à sa mort, il m’a offert ses chansons les plus tristes, les plus belles. C’est miraculeux ce qu’il m’a donné. Depuis, je ne cesse de le remercier en continuant à le chanter“.